Mediator : une négociation à l’amiable ?

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Aurélie Frex avec Arthur Helmbacher , modifié à
Le président d’une association d’aide aux victimes se prononce en faveur d’un accord avec Servier.

Le scandale du Médiator pourrait ne pas seulement aboutir à des plaintes au pénal. Si le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, après le dépôt d’une dizaine de plaintes, le président de l’association d’aide aux victimes des accidents de médicaments, Georges-Alexandre Imbert, annonce dans le Parisien, lundi, qu’il cherche un accord avec le laboratoire Servier.

Selon lui, négocier à l’amiable avec le fabricant du Mediator serait le meilleur moyen, pour les milliers de victimes du Mediator, d’obtenir une indemnisation de leur préjudice. Cet habitué de la défense des patients - il s’est déjà battu contre Bayer sur le Staltor et le Cholstat - leur conseille de jouer la montre. "C’est une mauvaise idée d’aller au pénal parce que toutes les procédures pénal ont échoué ou ont abouti à des condamnations sans aucun intérêt pour les victimes", a-t-il expliqué lundi au micro d'Europe 1.

"Dans l’affaire Bayer, les expertises judiciaires avaient été effroyables contre le laboratoire. Au bout de cinq, six, sept ans, le juge a classé le dossier", se souvient-il.

L’ouverture de Servier

Ce week-end, dans le Journal du Dimanche, Servier, à travers la voix de Lucy Vincent, chargée des relations extérieures du laboratoire, a reconnu que le Mediator a "pu représenter un vrai risque pour certains patients". Une bonne nouvelle pour les victimes : "on sait que le Mediator a provoqué des valvulopathies, même Servier commence à la reconnaître. L’heure est donc venue de préparer un accord avec eux", constate Georges-Alexandre Imbert. Il sait bien qu’"en matière médicale, il est difficile de prouver au cas par cas qu’un médicament a prouvé une lésion grave".

Des démarches engagées

L’association de défense des patients, qui a franchi dimanche le cap des 1.000 témoignages de patients recueillis sur le Mediator, a mis au point un protocole de demande de réparations à l’amiable. "Nous avons écrit au laboratoire Servier il y a huit jours et à son assureur Axa pour qu’ils nous reçoivent (…) Nous n’avons pas encore de réponse, mais nous espérons en avoir", confie le président de l’association.

Pour parvenir à cet accord, l’association a fait appel à un avocat américain, Keith Altman, spécialiste de ce type de cas.

Objectif : jusqu’à un million d'euros par patient

Si "chaque cas est différent", Georges-Alexandre Imbert compte bien obtenir autour de 150.000 euros par patient, dans le cas de décès.

Les montants les plus élevés pourraient aller de 500.000 à un million d'euros, "pour une personne qui sera obligée d’avoir en permanence une tierce personne à ses côtés en permanence", confie-t-il sur Europe 1. "On dit toujours qu'un mauvais arrangement, ça vaut mieux qu’un bon procès", ajoute-t-il.

Il n’a pas oublié que, grâce à une procédure à l’amiable, l’association avait pu obtenir 450.000 euros de la part de Servier pour Anna Paulos, en mai 2002. Cette femme de 29 ans souffrait d’hypertension artérielle pulmonaire depuis sa prise d’Isoméride.