Manif pour tous : "rien à foutre de consignes"

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et Ariane Lavrilleux , modifié à
REPORTAGE E1 - Des manifestants anti-mariage gay ont forcé les barrages à plusieurs endroits.

Les opposants au "mariage pour tous" ont été nombreux à défiler dimanche dans les rues contre le projet de loi qui va être examiné au Sénat - et vraisemblablement voté - à partir du 4 avril. Alors que la préfecture leur interdisait de défiler sur les Champs-Elysées et la place de l'Etoile, des milliers de manifestants ont forcé le passage à plusieurs endroits. Résultat : les forces de l'ordre ont délogé, à l'aide de gaz lacrymogène et de coups de matraque, les dernières centaines de manifestants contre le mariage homosexuel. Le problème c'est qu'il y avait des enfants.

Une journaliste d'Europe1 était présente à la manifestation où le climat était très tendu en fin de journée. Voici son reportage :

"Rien à foutre des consignes de la préfecture". Ils étaient venus en famille, avec les grands parents et les poussettes. Tous habillés comme pour une promenade du dimanche. Mais vers 15 heures, la foule est devenue beaucoup trop dense pour tenir sur une seule avenue. Alors les hommes les plus costauds ont foncé et arraché les barrières qui les bloquaient. "On en a rien à foutre des consignes de la préfecture, on veut manifester à l'Etoile et sur les Champs-Elysées. L'ordre public se modifie au gré de la colère populaire", commente l'un des manifestants au micro d'Europe 1.

"L'ordre public se modifie au gré de la colère populaire" :

"Les yeux ont piqué". Les policiers débordés ont alors fait appel aux CRS pour évacuer la place et refermer tous ses accès. Sauf qu'il y avait des enfants, comme Elise 11 ans, venue avec son père. "La police a mis des gaz et j'ai eu un peu peur. Les yeux ont piqué et j'avais beaucoup de mal à respirer", raconte la jeune fille interrogée par Europe 1. "Là, nous ne sommes pas dans une manifestation de la CGT, donc le comportement des forces de l'ordre pourrait être différent", estime pour sa part son père.

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"Je trouve ça insensé". A une centaine de mètres de l'Arc de triomphe, Odile aussi a pris quelques fumées de gaz, sans comprendre pourquoi. "Je suis allée voir après la manifestation, au moins un CRS et lui dire : 'mais comment vous avez pu faire ça'. Il m'a répondu que c'est parce qu'il y aurait eu trop de pression sur les barrières. Une manifestation familiale qui prend des lacrymogènes, je trouve ça insensé", déplore-t-elle sur Europe 1.

Hollande, "dictateur socialiste". Dispersés à 19 heures, les opposants les plus déterminés se sont retrouvés sur les Champs-Elysées pour exiger la démission de François Hollande, renommé "dictateur socialiste". Juste avant, Béatrice Bourges, porte-parole du Collectif pour l'enfant qui fait partie des organisateurs de la manifestation, les avait appelés à quitter les lieux dans le calme.

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"On va se disperser pour mieux se retrouver. La résistance est en marche!", a-t-elle lancé. Les 300 personnes encore sur les Champs-Elysées vers 20h30 étaient "essentiellement du GUD et de l'extrême droite", a affirmé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Peu après 21 heures, l'avenue était totalement évacuée, les derniers récalcitrants ayant été raccompagnés jusqu'au métro par les forces de l'ordre.