Manif pour tous : la police a-t-elle fait chanter une Russe ?

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Contre la promesse d'une naturalisation française, Anna aurait été sommée d'espionner la nébuleuse anti-mariage gay des Yvelines. L'Intérieur a fait saisir l'IGPN.

L'INFO. La police des Yvelines a-t-elle besoin d'informateurs à tout prix ? C'est ce que laisse entendre l'histoire racontée par Anna, étudiante russe de 18 ans, en attente d'une naturalisation française. La jeune femme se confie mercredi dans les colonnes du Figaro. Selon son récit, les policiers des Yvelines l'auraient sommée, sous peine de se voir refuser la nationalité française, d'espionner la mouvance locale des anti-mariage gay dont elle apparaît comme sympathisante. Le ministère de l'Intérieur a réagi dès mercredi et la publication de cet article :  l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) doit être saisie, à la demande de Manuel Valls.

Ses parents avaient déjà leurs papiers, pas elle. L'histoire d'Anna est d'abord celle d'une jeune Russe débarquée en France avec sa famille, en  2004, dans les Yvelines. C'est ici qu'elle obtient son bac avec mention très bien et s'inscrit en hypokhâgne. Aujourd'hui majeure, à presque 19 ans, Anna est déterminée à obtenir la nationalité française et entame les démarches pour cela en juin 2013. Mais c'est là que les choses se compliquent, selon Le Figaro. "Alors que ses parents ont obtenu leurs papiers assez facilement, l'étudiante attend toujours sa naturalisation française", souligne le quotidien.  Pourquoi un tel blocage ? Peut-être en raison de sa sensibilité politique et de ses sympathies pour la cause anti-mariage gay de la Manif pour tous, selon son récit.

Un intérêt pour "la vie politique de (son) pays". Après des" journées d'intégration" réussies en mars dernier, Anna obtient le renouvellement de son titre de séjour et peut donc formuler sa demande de naturalisation, appuyée d'une lettre de motivation. Dans sa missive, l'étudiante russe aborde son intérêt pour "la vie politique de (son) pays". Un intérêt qui l'a amené à participer à un "meeting" et "des manifestations". Le meeting ? Un rassemblement de l'UMP avec Nicolas Sarkozy. La manifestation ? Un défilé de la Manif pour tous, le collectif anti-mariage gay pour lequel Anna n'hésite pas à s'engager comme volontaire. Selon le Figaro, cet engagement pourrait lui avoir valu un "interrogatoire édifiant" suivi de pressions policières.

"Vous êtes de droite, je présume !". En septembre, la jeune fille dit avoir été convoquée par la Sous-direction de l'information générale (SDIG) des Yvelines, au commissariat de Viroflay. Anna est mitraillée de questions dès son entrée dans le bureau, selon son témoignage. "Vous être (sic) de droite, je présume ! Est-ce que vous êtes allée à la Manif pour tous ? Et vos amis de prépa ? Et ceux de votre ancien lycée versaillais ?".  Le commandant la menace de "mettre un avis défavorable" sur son dossier, à moins que la jeune femme ne se rende à la Manif pour tous du 10 octobre. Sa mission : lui donner les noms de certains participants. Selon son récit, Anna ne se rendra pas à ce rassemblement et confiera ce chantage présumé à ses parents, puis à des professeurs.

Manuel Valls fait saisir les boeuf-carottes. Dès mercredi, le ministère de l'Intérieur indiquait que Manuel Valls demandait que l'Inspection générale de la police nationale soit saisie. "L'inspection vérifiera les conditions de conduite de l'enquête individuelle de naturalisation. Elle rendra ses conclusions dans un délai maximal d'un mois", précise le communiqué du ministère. L'Intérieur en profite également pour rappeler que n'importe qui "peut, depuis le 2 septembre 2013, directement saisir l'IGPN lorsqu'elle estime qu'un manquement à la déontologie a été commis à son encontre".

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