Les vrais chiffres du coût du nucléaire

La Cour des comptes a publié mardi un rapport sans précédent sur l'ensemble des coûts liés à la production d'électricité nucléaire en France.
La Cour des comptes a publié mardi un rapport sans précédent sur l'ensemble des coûts liés à la production d'électricité nucléaire en France.
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avec agences , modifié à
La Cour des comptes chiffre à 228 milliards les investissements en France depuis les années 1950.

Le gouvernement souhaitait une opération vérité face aux polémiques récurrentes sur le coût réel du nucléaire. C’est désormais chose faite. Dans un rapport très attendu, la Cour des comptes a chiffré mardi à 228 milliards d'euros les investissements dans l'électricité nucléaire en France depuis les années 1950.  Saluant ce rapport, François Fillon a d'ores et déjà promis que le gouvernement reprendrait régulièrement à son compte cet "exercice de transparence".

Incertitudes sur les charges futures

Dans le détail, les magistrats de la rue Cambon ont chiffré à 121 milliards d’euros la construction des installations nécessaires à la production d'électricité nucléaire, hors coût de Superphénix. La Cour observe également que le parc actuel, composé de 58 réacteurs, a coûté à lui seul 96 milliards. Enfin, les dépenses de recherche publiques et privées depuis les années 1950 sont évaluées à 55 milliards, soit environ un milliard par an.

La Cour met par ailleurs en garde contre des risques d’augmentation "probables" des charges futures assumées par les opérateurs. Les magistrats pointent les multiples inconnues liées au démantèlement des installations nucléaire et à la gestion à long terme des déchets radioactifs. Début janvier, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait en effet évalué à des "dizaines de milliards d’euros", les investissements nécessaires pour renforcer la robustesse des centrales françaises.

Une augmentation des charges qui toutefois, selon la Cour, n'agira qu'à la marge sur une addition appelée de toute façon à grimper. Le coût des mesures exigées par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) représentera "moins de 2% d'augmentation des factures d'électricité", avait également assuré début janvier le ministre de l'Industrie et de l'Energie Eric Besson.

Une énergie trop chère ?

S'exprimant avant la publication de ce rapport, la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a affirmé que malgré les incertitudes relevées par la Cour, le nucléaire restait une énergie "peu chère". De son côté, le patron du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) Bernard Bigot a prévenu mardi qu’une sortie complète du nucléaire coûterait 530 à 772 milliards d'euros, soit environ le triple d'un scénario de statu quo, et aboutirait à un doublement du prix de l'électricité.

A l'inverse, la candidate écologiste à la présidentielle Eva Joly a prédit que ce "document vérité" allait "bouleverser l'idée que l'énergie nucléaire est une énergie pas chère". Encore plus critique, l'Observatoire du nucléaire voit dans ce rapport "la fin de 50 ans de mensonges de la part des promoteurs de l'atome, qui n'ont cessé de prétendre que l'électricité d'origine nucléaire était de loin la moins chère".

Le président Nicolas Sarkozy avait accepté au printemps dernier le principe de cet audit, qui avait été réclamé par des ONG après la catastrophe nucléaire de Fukushima.