"Les militaires français sont au bout du rouleau"

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Alexis Toulon , modifié à
ARMEE - Les troupes françaises défilent sur les Champs Elysées pour le 14 juillet. Un beau déploiement de force "cache misère" pour le général Vincent Desportes.

Le ministère de la Défense paie le prix fort des coupes budgétaires, décidées par le gouvernement. Son enveloppe est réduite et se effectifs fondent comme neige au soleil. Une situation catastrophique qui donne de la voix à la "Grande muette" au micro d’Europe 1, qui ne peut plus assurer ses missions dans de bonnes conditions. "Les militaires français sont au bout du rouleau", assure le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre et professeur associé à Science Po.

"Le moral des troupes est en baisse"par Europe1fr

Un trou de 1,5 milliard. Xavier Bertrand avait tiré la sonnette d’alarme au mois de mai, Jean-Yves Le Drian était monté au créneau dans la foulée pour demander la sanctuarisation du budget de la Défense et Manuel Valls avait donné des garanties. Pourtant, "on enlève 500 millions par an au budget pendant trois ans et les remplacent par de l’argent de singe, des ressources exceptionnelles qui ne seront pas au rendez-vous. On le sait très bien car les parlementaires ont affirmé qu’il manquait 1,5 milliard d’euros", assure le général Vincent Desportes.

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Des effectifs qui ne cessent de diminuer. Autre secteur de la Défense impacté par les coupes budgétaire : les effectifs. "L’armée française connaît un plan social comme aucun corps de l’Etat en subit. 80.000 personnes quittent l’armée en 10 ans. Deux fonctionnaires sur trois qui quittent la fonction publique sont des militaires", dénonce Vincent Desportes.

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Des coupes qui jouent sur la qualité de l’armée. Le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, a jugé que les forces françaises ne peuvent "plus faire mieux avec moins" et qu'elles feront donc "au mieux, à 120% de leurs possibilités", dans un entretien lundi au Figaro. Une triste vision que confirment "plusieurs missions parlementaires", assure Vincent Desportes. "L’armée française voit ses conditions de vie, de travail, d’exécution de son métier se dégrader. On est au bout", s’inquiète le général.

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Des troupes mal formées. Autre élément qui plaide, selon lui, en faveur d’une hausse des moyens de l’armée : la préparation des militaires. "Le niveau d’entraînement de nos militaires est en dessous des normes internationales. On a besoin d’heures de vol, d’entrainement avant d’aller au combat. On ne les a pas", assure Vincent Desportes. A cela s’ajoute la vétusté des véhicules et des équipements des soldats sur les champs de bataille.

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Une armée qui peine à remplir sa mission. Or, le problème de fond est que l’armée française, diminuée, n’est plus capable de remplir correctement sa mission de défense des Français et de leurs intérêts, notamment en Afrique, assure le général. Pourtant, il défend la décision des l’Etat de lancer l’opération Barkhane au sahel. Mais des ressources supplémentaires sont nécessaires. Toutefois, hors de question de toucher à la force de dissuasion militaire de la France. Mais attention aux idées reçues : à elle seule, elle ne suffit pas à défendre le pays. Elle "doit s’appuyer sur des forces conventionnelles nombreuses, qui sont actuellement particulièrement dégradées", prévient le général.