"Les juges ne sont pas cartomanciens"

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Fabienne Cosnay , modifié à
Le président de l’USM revient sur le débat sur la récidive après le meurtre d’une joggeuse.

"Dans ce dossier, toutes les précautions ont été prises par le juge d’application des peines. Mais avec ce genre de personnes, on est toujours à la limite". Le président de l’Union syndicale des magistrats (USM) Christophe Régnard est revenu, mercredi, sur Europe 1, sur l’épineuse question de la récidive criminelle.

Une fois de plus, le débat a été relancé après le meurtre d’une jeune femme à Marcq-en-Baroeul par un homme fiché comme délinquant sexuel et condamné, en février 2006, à dix ans de réclusion pour viol sous la menace d'une arme. Le suspect avait fait l'objet d'une libération conditionnelle à mi-peine, en septembre 2009. Il s'était "très bien comporté" en détention, et avait respecté toutes les obligations judiciaires et médicales qui lui étaient imposées depuis sa libération, a précisé le parquet.

L'importance du suivi

Un fait divers susceptible de relancer le vieux serpent de mer sur la récidive criminelle, contre laquelle Nicolas Sarkozy a fait voter trois lois depuis son élection à l'Elysée, en 2007. Même dans le milieu judiciaire, la question fait débat. L’'Institut pour la justice, par exemple, estime, dans un communiqué, que"l’exécution de la peine doit être la règle et la libération anticipée l’exception".

A l’exception, le président de l’Union syndicale des magistrats (USM) Christophe Régnard oppose une autre réalité des faits : "dans une immense majorité de cas, la libération conditionnelle permet de lutter contre la récidive". "Il vaut mieux sortir en étant accompagné et suivi plutôt que d’attendre la fin de peine, de se retrouver libre, sans devoir rendre de comptes à personne" souligne le magistrat.

"Politique de la patate chaude"

"Aujourd’hui, on renvoie la patate chaude aux magistrats. Il y a quelques années, c’était le ministre de la Justice qui prenait les décisions de libération conditionnelle" a-t-il rappellé. Et Christophe Régnard d'insister : "On demande aux juges de lire dans la boule de cristal pour savoir ce qui va se passer un après, mais nous ne sommes pas cartomanciens !".

Pas de nouvelles lois, des moyens

"Nous avons tout l’arsenal législatif nécessaire" a indiqué le président de l'Union syndicale des magistrats. Reste le "manque de moyens" dans la lutte contre la récidive. "Il n'y a pas assez de bracelets électroniques en France, nous n'avons pas de médecins coordonnateurs, d’éducateurs pour assurer le suivi d'un certain nombre de personnes en milieu ouvert", a-t-il, par exemple, relevé.