Les fiches injurieuses d’Acadomia

© MAX PPP
  • Copié
, modifié à
Le pro du soutien scolaire ficherait son personnel et ses clients. La CNIL est intervenue.

"Vraiment trop conne", "sent l’alcool", "attitude suspecte", "hospitalisée en urgence pour un tumeur cancéreuse au cerveau", "père en prison", "saloperie de gamin" : Acadomia, le leader du soutien scolaire habitué aux notes sur 20 et aux commentaires dans la marge, aurait une autre spécialité : les fiches, "aux commentaires excessifs, voire injurieux", sur son personnel et ses clients.

Un avertissement

C’est la Commission nationale informatique et libertés qui a donné l’alerte en prenant une décision assez rare : un avertissement a été officiellement adressé à Acadomia le 22 avril dernier, révèle Le Parisien jeudi. Les faits sont "rarement aussi lourds, aussi insultants, aussi généralisés", a commenté sur Europe 1 Alex Türk, le président de la CNIL. Le parquet de Paris a aussi été alerté.

Ce que la CNIL reproche à Acadomia, ce n’est pas le fait que cette entreprise ait un fichier sur son personnel et sur ses clients, parents et enfants. Mais le contenu de certaines notes constitue une atteinte à la vie privée, qu'il s'agisse d'informations sur la santé des clients ou sur le passé judiciaire : "élève retourné en prison", "est mis en examen (je ne sais pas pourquoi)" ou "sa cousine avait été assassinée et violée".

La CNIL pointe aussi du doigt le fait que ces fiches n’aient pas de durée de conservation limite. Ce qui est interdit par la loi. Acadomia aurait aussi constitué un sous-fichier de "professeurs interdits".

"Croire au potentiel de chacun"

Réponse d’Acadomia : le rapport de la CNIL est "truffé d’inexactitudes", assure son directeur financier José Dinis.

"Croire au potentiel de chacun", c’est le slogan d’Acadomia, "numéro un du soutien scolaire en France". Spécialiste des cours particuliers à domicile ou des stages de soutien en petits groupes, ce groupe emploie 25.000 enseignants pour 100.000 élèves suivis chaque année.