Les féministes disent "non" à la violence

Entre 2.700 et 6.000 féministes ont défilé pour réclamer plus de moyens pour la lutte contre la violence faite aux femmes.
Entre 2.700 et 6.000 féministes ont défilé pour réclamer plus de moyens pour la lutte contre la violence faite aux femmes. © MAXPPP
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avec Sandrine prioul et AFP , modifié à
Des féministes ont défilé samedi pour dénoncer les violentes faites aux femmes. Avec 2012 en tête.

A six mois de l’élection présidentielle, les féministes ont fait savoir qu’elles comptaient bien inclure dans les débats la question de la violence faite aux femmes. Plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles avaient pris place des personnalités politiques, ont manifesté samedi pour réclamer davantage de moyens. Rassemblés place de la Bastille, les manifestants, 6.000 selon les organisateurs, 2.700 selon la police, ont défilé jusqu'à la rue du Bac, dans le 7e arrondissement, à l'appel du Collectif national pour le droit des femmes qui regroupe associations féministes, syndicats et partis de gauche.

"La violence faite aux femmes, ça suffit", était-il écrit sur une grande banderole brandie en tête de cortège derrière laquelle défilaient des personnalités comme Eva Joly et Cécile Duflot (EELV), Martine Billard (députée du Front de gauche), Bernadette Groison (secrétaire générale de la FSU). Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche en 2012, et Benoît Hamon, porte-parole du PS étaient également de la partie. Preuve que les politiques prêtent désormais une oreille attentive aux revendications des féministes. "Et c’est tant mieux", se réjouit Clémentine Autain au micro d’Europe 1. "J’espère bien que la question des violences faites aux femmes sera au cœur de la campagne présidentielle. C’est vrai que l’affaire DSK a permis de mettre cette question dans le débat politique, alors qu’elle était enfermée dans le secret."

Banon en tête de cortège

Défilant en tête de cortège, Tristane Banon, qui a accusé Dominique Strauss-Kahn de "tentative de viol", a demandé l'adoption "à l'unanimité" par le Parlement d'une proposition de loi, déposée par la députée PCF Marie-George Buffet, portant à dix ans -contre trois actuellement- le délai de prescription pour les délits d'agression sexuelle. "Il faut une mobilisation avant la présidentielle" pour l'obtenir, a-t-elle réclamé, alors que le Parquet de Paris a classé sans suite sa plainte tout en reconnaissant des faits d'agression sexuelle prescrits.

Selon les féministes, la loi de juillet 2010 contre la violence faite aux femmes, obtenue de haute lutte, reste insuffisamment appliquée et bute sur l'absence de moyens. L'une des solutions, estiment-elles, réside dans la création de tribunaux spécifiques avec une "formation spécifique et obligatoire" pour les juges et les personnels. Elles réclament aussi une loi cadre qui permette de répondre de manière globale à toutes les formes de violence contre les femmes, qu'elles soient domestiques, au travail ou dans la société. "Il y a un risque de régression" en matière de droits des femmes "il faut rester plus que jamais mobilisé" et surtout "ne pas baisser la garde", préconise la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot.