Les "contrats aidés" embrasent La Réunion

Les forces de l'ordre sont à pied d'oeuvre à La Réunion pour contenir le mouvement de la jeunesse gravement touchée par le chômage.
Les forces de l'ordre sont à pied d'oeuvre à La Réunion pour contenir le mouvement de la jeunesse gravement touchée par le chômage. © Capture écran YouTube
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Frédéric Frangeul avec AFP
L’ïle est secouée par des violences urbaines. La jeunesse réclame un accès plus facile à l’emploi.

L’INFO. Touchée de plein fouet par la crise économique, la jeunesse réunionnaise se révolte. Elle est à l’origine des deux nuits de violences qui ont touché la commune du Port, dans l’ouest de l’île, lundi et mardi. Avec une revendication : l’attribution de "contrats aidés" pour leur permettre aux jeunes Réunionnais d’accéder à l’emploi. Selon les porte-parole du mouvement, les maires de l’île sont accusés d’utiliser les contrats déjà prévus à des fins électoralistes.

Le mouvement fait tâche d’huile. De Saint-Benoît à Saint-Pierre, en passant par Saint-Denis, Saint-Paul et Saint-Louis, des communes de la Réunion sont confrontées depuis le début du mois de février à des accès de colère de petits groupes de jeunes qui barrent les routes pour réclamer l'attribution de contrats aidés.  Ces contrats, d'une durée de six mois, constituent souvent le seul espoir d'occuper un emploi. A la Réunion, le taux de chômage s’élève à 30% et atteint 60% chez les jeunes.

Un bâtiment municipal incendié. Lundi, la situation a dégénéré en fin de soirée au Port après une charge des forces de l'ordre pour lever un barrage sur un axe routier vital entre le nord et l'ouest, entraînant des affrontements pendant la nuit avec les jeunes. Après une journée de calme mardi, les violences ont repris de plus belle dans la nuit de mardi à mercredi.

La mairie annexe de la Rivière des Galets a été à moitié détruite par un incendie, selon les pompiers. "C'est scandaleux et inqualifiable", s'est plaint le maire du Port, Jean-Yves Langenier, qui s'est rendu sur place au lever du jour en compagnie de la sous-préfète de Saint-Paul.

Le souvenir de février 2012. Ces événements ont réveillé chez bon nombre de Réunionnais le spectre des émeutes de février 2012, contre la vie chère, qui s'étaient étendues comme une traînée de poudre à toute l'île pendant une semaine après un barrage de route. Des dizaines de commerces avaient alors été pillés.

L’Etat réagit. Interrogé mardi soir sur la chaîne Réunion 1ère, le ministre des Outre-mer Victorin Lurel a appelé les jeunes à se montrer "raisonnables", indiquant que "l'Etat a fait son travail" en attribuant "9.000 contrats aidés et 7.000 emplois d'avenir à la Réunion". Mais pour l’UMP locale, ces disposition ne suffiront pas à contenter contenter "les 23.000 jeunes recherchant du travail" à la Réunion.

Des accusations de clientélisme. Bon nombre de Réunionnais renvoient toutefois les deux camps dos à dos en accusant les maires d'utiliser les contrats aidés à des fins clientélistes. "Pendant des années ils ont entretenu leur électorat avec des contrats et aujourd'hui ils disent qu'ils ne peuvent rien", a déploré une jeune femme sur les ondes de Radio Free Dom, reprenant une accusation récurrente sur l'île concernant l'attribution de ces contrats. Pour tenter d'échapper à ces critiques, certains maires de l'île ont annoncé leur décision de confier à Pôle emploi la sélection des candidats à un contrat.