Le voile à la crèche aux Prud'hommes

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avec Raphaële Schapira et AFP , modifié à
Une salariée de la crèche Baby Loup qui voulait porter le voile avait été licenciée en 2008.

Depuis deux ans, la crèche Baby Loup n'est plus aussi tranquille qu'avant. Cette crèche associative, qui fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 et vient en aide aux femmes seules qui ont des horaires décalés, est poursuivie par une salariée qui a été licenciée car elle voulait porter le voile islamique au travail.

En décembre 2008, la jeune femme, qui avait le statut de directrice-adjointe, de retour d'un congé parental, fait part à la directrice de sa volonté de porter le voile. Or, le règlement intérieur de la structure interdit le port de signes religieux au nom du principe de "neutralité". Elle demande des indemnités de départ qui lui sont refusées, on lui propose alors de démissionner. Après plusieurs jours de conflits, la directrice décide de la licencier pour faute grave. Lundi, le cas était évoqué au conseil des prud'hommes, saisis par la salariée.

Le soutien d'Elisabeth Badinter

La salariée réclame environ 80.000 euros de dommages et intérêts. A l'audience lundi devant le tribunal de Mantes-la-Jolie, la philosophe Elisabeth Badinter, le député-maire PS d'Evry Manuel Valls et la présidente de Ni putes ni soumises, Sihem Habchi, ont apporté leur soutien à la crèche. La nouvelle présidente de la Halde, Jeannette Bougrab, doit, de son côté, être entendue comme témoin.

L'employée avait en effet saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), qui avait rendu un avis en sa faveur en mars dernier. Mais Jeannette Bougrab, en désaccord avec la décision, avait annoncé en octobre que le cas serait réétudié. "La question se pose : est-ce que Baby Loup, qui fonctionne 24 heures sur 24 et sept jours sur sept est une activité de service public et donc astreinte à la neutralité ?", avait-t-elle interrogé.

Pour l'avocat de la crèche, Me Richard Malka, Jeannette Bougrab "est en train de sauver l'honneur de l'institution", tout en soulignant que "ceux qui sont légitimes pour juger cette affaire, ce sont les juges (des prud'hommes)".