Le thérapeute "charlatan" condamné

Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Benoît Yang Ting, 76 ans, coupable d'abus de faiblesse envers deux patients.
Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Benoît Yang Ting, 76 ans, coupable d'abus de faiblesse envers deux patients.
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Mounia Van de Casteele avec AFP
 Le tribunal correctionnel de Paris l'a reconnu coupable d'abus de faiblesse envers deux patients.

"Charlatan", tel est l'adjectif qu'avait choisi le parquet pour qualifier Benoît Yang Ting. Ce psychothérapeute parisien, a été reconnu coupable d'abus de faiblesse envers deux patients, mardi à Paris. Il a été condamné à un an de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende.

Benoît Yang Ting, 76 ans, était accusé par deux anciens patients, qui s'étaient constitués parties civiles, de les avoir manipulés mentalement, leur créant notamment de faux souvenirs traumatisants. Le thérapeute devra leur verser 100.000 euros pour l'une, et pour l'autre, 50.000 euros de dommages et intérêts. L'épouse du thérapeute, qui était également poursuivie, n'a pas été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris.

"Rien de thérapeutique"

Les deux anciens patients, Sophie Poirot, aujourd'hui avocate, et Bernard Touchebeuf, chef d'entreprise, avaient versé au thérapeute respectivement 238.000 euros et 750.000 euros.

"Il n'y a rien de thérapeutique dans ce que fait Benoît Yang Ting", avait conclu le ministère public, requérant le 12 avril, 18 mois de prison avec sursis et 100.000 euros d'amende.

Les "méthodes" dénoncées impliquaient pour les patients de se déshabiller intégralement et de revivre, pendant de très longues sessions éprouvantes, des souffrances soi-disant enfouies. La thérapie les amenait, aussi, selon eux, à se créer de faux souvenirs d'expériences traumatiques.

"De l'argent et du sexe"

"La thérapie de Yang Ting, c'est l'argent et le sexe, il n'y a que ça", avait assuré Sophie Poirot lors du procès, l'accusant d'avoir fait d'elle son "objet sexuel". Elle avait notamment expliqué comment une patiente pouvait arriver à se persuader que son propre père l'avait "violée". "Quand ma mère était morte, j'avais 16 ans. Mon père m'avait prise dans ses bras, c'était quand même normal. Mais Monsieur Yang Ting demandait : 'est-ce que votre père n'avait pas de désir ?', ça avait commencé comme ça", raconte-t-elle.

De son côté, le thérapeute n'avait assisté à aucune des audiences, pour raison de santé. Mais la présidente avait lu à haute voix ses procès-verbaux d'audition, dans lesquels il évoquait "une conspiration". La défense avait fait valoir que Benoît Yang Ting ne faisait que proposer des thérapies que ses patients étaient libres de refuser, et qu'ils étaient tellement "contents des soins prodigués" qu'ils "en redemandaient".

Face à la recrudescence des cas de "charlatanerie" dans ce domaine, un nouveau décret réglementant la profession de psychothérapeute en France a été publié au Journal Officiel le 7 mai dernier.