Le poisson français, c'est "fini"

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avec AFP
Si la France utilisait seulement sa propre production de poissons, le pays serait en pénurie.

Que se passerait-il si la France comptait sur sa seule production de poisson ? Selon un rapport de la New economics foundation (Nef) et Ocean2012, le pays traverserait une pénurie depuis lundi. A partir du 21 mai, on ne trouverait en effet plus de poissons "Made in France" à vendre sur les étals. L'an passé, l'autonomie alimentaire de la France intervenait trois semaines plus tard et trois mois et demi plus tôt il y a une vingtaine d'années.

La France de moins en moins auto-suffisante

Ce rapport sur "la dépendance croissante de l'Europe à l'égard du poisson d'ailleurs" établit pour chaque pays "le jour de dépendance à l'égard du poisson". C'est-à-dire le jour de l'année où il n'est plus auto-suffisant. Les auteurs de l'étude ont ainsi fait le lien entre la consommation du pays et le total des prises de ses pêcheurs dans les eaux nationales et européennes, y ajoutant les produits de l'aquaculture.

"Les citoyens européens consomment beaucoup plus de poisson que leurs mers ne peuvent en produire et sont de plus en plus dépendants d'autres pays", estime le rapport. La France n'est ainsi auto-suffisante en poisson qu'à 38,6%, soit un "jour de dépendance" qui tombe le 21 mai. En 1990, la France était auto-suffisante à 68% et son jour de dépendance tombait le 6 septembre.

Augmentation de la consommation

12 pays européens ont atteint ce jour avant elle. En moyenne, "le jour de dépendance" de l'Europe des 27 est le 6 juillet. Cette situation s'explique par une diminution des captures du fait de la surpêche et donc de la diminution progressive des stocks, et par une consommation en hausse.

L'augmentation de la consommation de poissons explique également cette évolution. Dans le monde, la consommation de poisson est passée de 9 à 17,1 kg par an et par personne de 1960 à 2007. En Europe, la consommation est plus élevée encore, de 22,1 kg par an et par personne. Le Portugais est le plus gros consommateur avec 61,6 kg, la Bulgarie le plus faible 4,2 kg par an. Le Français est quant à lui 5ème du tableau, avec 34,2 kg.

La dépendance des pays Européens

En conséquence, l'Europe dépend de plus en plus de pays tiers : d'une part elle importe de plus en plus, à des prix élevés, d'autre part, elle fait de la pêche hauturière loin de ses zones, dommageable pour les stocks de poisson des autres régions du monde.

Quant à l'aquaculture, qui pourrait compenser le déclin des poissons sauvages, elle consomme elle-même beaucoup de poisson pour alimenter les élevages, ses conditions sanitaires sont parfois contestées et son impact environnemental peut être important, selon l'étude. Les auteurs du rapport espèrent que la réforme en cours de la politique commune de la pêche incitera l'Europe à "se concentrer sur la restauration de ses propres écosystèmes marins et modifier ses niveaux de consommation pour qu'ils soient en rapport avec ses possibilités".