Le nucléaire va nous coûter plus cher

Le coût de la mise aux normes sera réparti sur dix ans.
Le coût de la mise aux normes sera réparti sur dix ans. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Il faudra environ 10 milliards d'euros supplémentaires pour renforcer la sûreté nucléaire.

Le niveau de sécurité des centrales françaises est bon mais des mises à jour sont nécessaires. C'est le constat tiré par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a rendu mardi son rapport d'évaluation post-Fukushima. Des investissements importants seront nécessaires dans les centrales françaises : la création d'une force d'action rapide nucléaire (FARN), une salle de commande et de gestion "bunkerisée", des moteurs d'ultime secours, l'amélioration des piscines de combustibles... Ils seront financés en grande partie par une hausse du prix de l'électricité.

Un surcoût de 10 milliards pour EDF. Si EDF veut prolonger et exploiter les 19 centrales et 58 réacteurs actuels jusqu'à 60 ans, l'exploitant français doit trouver quelques 40 milliards d'euros d'euros. Ce surcoût avait déjà été chiffré avant la catastrophe au Japon. "A la lumière des travaux de l'ASN, nous estimons qu'il faudra environ 10 milliards d'euros supplémentaires pour réaliser les renforcements –matériels et humains- demandés", explique Jean-Marc Miraucourt, directeur de l'ingénierie du parc nucléaire d'EDF. En tout, cette mise aux normes pourrait coûter aux exploitants environ 50 milliards d'euros, répartis sur dix ans. 

La maintenance estimée à 4 milliards. Actuellement, EDF dépense chaque année près 2 milliards par an pour réaliser la maintenance de ces centrales. Ce chiffre pourrait passer à 4 milliards d'euros à l'horizon 2015, rapporte Le Figaro. La raison : "la plupart des centrales âgées de 20 à 30 ans, entrent dans la période dite de grand carénage", ajoute Jean-Marc Miraucourt. Une révision qui nécessite davantage de dépenses.

Un surcoût de 2 milliards pour Areva. L'exploitant français s'occupe notamment du site de retraitement du combustible de La Hague, dans la Manche. Le montant des travaux sur ce site n'a pas encore été chiffré. Néanmoins, un plan stratégique de mises aux normes a été fixé avant le rapport de l'ASN : 2 milliards d'euros par an seront investis sur la période 2012-2016.

Une facture en hausse de 2% pour les particuliers. Le coût total de l'électricité produite par les centrales nucléaires d'EDF, estimé par le groupe à 46 euros le mégawatt-heure (MWh) avant Fukushima, devrait s'élever dans une fourchette allant jusqu'à 50 euros. Cela aurait donc un impact sur les factures d'électricité. Le coût des mesures représentera "moins de 2% d'augmentation des factures d'électricité" par an, a déclaré mardi le ministre de l'Industrie et de l'Energie, Eric Besson. "Ca n'est pas rien, mais ce n'est pas la catastrophe économique qu'un certain nombre d'observateurs évoquent", ajoute-t-il.

Fessenheim : 15 milliards par réacteur. L'Autorité de sûreté nucléaire n'ordonne pas la fermeture de la plus vieille centrale de France, mise en service depuis 1977. Elle préconise les mêmes travaux que pour les autres centrales du parc français. Ces nouvelles mesures s'ajoutent à celles de juillet, imposées à l'issue de la grande révision des 30 ans du réacteur numéro un. La dalle de béton doit être renforcée et le coût est estimé à 15 milliards par réacteur. Les travaux ne seront pas entamés avant les présidentielles car l'avenir de la centrale sera suspendu aux résultats des élections.