Le mystère Viguier en appel

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
Jacques Viguier est accusé du meurtre de sa femme, dont le corps n’a jamais été retrouvé.

La cour d’assises du Tarn parviendra-t-elle à éclaircir le mystère de la disparition, et de la mort probable, de Suzanne Viguier, le 27 février 2000 ? C’est tout l’enjeu du procès qui s’ouvre lundi, avec comme unique accusé Jacques Viguier et ex-mari de la disparue. En première instance, ce professeur de droit, dont la personnalité complexe sera encore au cœur des débats, avait été acquitté contre l’avis du parquet, qui avait fait appel.

Coupable idéal ?

Car pour beaucoup, Jacques Viguier fait figure de coupable idéal. Plusieurs indices accusent cet homme présenté comme froid et calculateur, qui multipliait les aventures avec ses élèves à la faculté de droit de Toulouse D’abord, il a mis trois jours à signaler la disparition de sa femme. Ensuite, il y a des traces de sang de Suzanne Viguier retrouvées au domicile du couple et dans une voiture, et le fait que l'accusé s'est débarrassé après sa disparition du matelas où elle dormait. Enfin, le parquet soutient que la victime avait annoncé à son mari son intention de divorcer 48 heures avant de disparaître.

La culpabilité de Jacques Viguier ne fait ainsi aucun doute pour les deux sœurs de Suzanne Viguier, mais aussi pour Olivier Durandet, l’ex-amant de la victime. "J’espère enfin entendre la vérité de la bouche de Jacques Viguier", assure-t-il au micro d’Europe 1. "Il n’y a que lui qui la détient, la vérité. Qu’il dise où il a mis le corps. Que les sœurs de Suzy puissent faire le deuil. Lui dit qu’il souffre, peut-être que ça le libèrerait. J’aimerais croire ça."

Un ténor du barreau

L’accusé, lui, est loin d’afficher sa sérénité. Il attend avec angoisse ces trois semaines au cours desquelles 56 témoins et 12 experts vont décortiquer sa personnalité et les relations qu’il entretenait avec sa femme. "Il est suivi par des psys, il a un traitement", affirme son ami Serge Regourt, président de son comité de soutien. "Il est aux prises avec un syndrome bipolaire avec des phases de grande dépression. Il craint aussi de savoir comment il peut réagir sur un marathon aussi long."

En l’absence de cadavre et de preuves, les jurés devront se forger leur intime conviction, comme le prévoit le droit français, pour prendre leur décision. Jacques Viguier pourra compter sur les conseils d’un ténor du barreau, spécialiste des cours d’assises, maître Eric Dupond-Moretti. Il pourra aussi compter sur le soutien indéfectible de ses trois enfants, toujours soudés autour de leur père, dix ans quasiment jour pour jour après la disparition de leur mère.