Le lourd passif de Mahamadou Doucouré

Mahamadou Doucouré est jugé à partir de vendredi pour le meurtre de sa compagne et de l'enlèvement de son petit garçon en février 2010.
Mahamadou Doucouré est jugé à partir de vendredi pour le meurtre de sa compagne et de l'enlèvement de son petit garçon en février 2010. © MaxPPP
  • Copié
Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Déjà condamné dans le procès des tournantes du Val-de-Marne, il est cette fois jugé pour meurtre.

C’est un individu au lourd passif qui se présentera vendredi devant la cour d’assises du Val-de-Marne. Déjà jugé et condamné il y a trois semaines lors du procès des tournantes de Fontenay-sous-Bois, Mahamadou Doucouré comparaîtra de nouveau, mais pour une autre affaire : celle du meurtre de sa compagne et de l'enlèvement de son petit garçon en février 2010. Des faits passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.

Lardée de 22 coups de couteau

Il est 18 heures, le 16 février 2010, lorsque les autorités décident de lancer la procédure d'alerte-enlèvement pour aider aux recherches du petit Ibrahima. Ce petit garçon de 18 mois a disparu depuis le petit matin et le corps de sa mère, lardé de 22 coups de couteau, a été découvert par les policiers dans son appartement en rez-de-chaussée de Fontenay-sous-Bois.

250 messages de menaces

Rapidement les soupçons se portent sur Mahamadou Doucouré, son ex-compagnon avec lequel la victime était en conflit à propos de la garde de l'enfant. L'homme la harcèle. Sur son téléphone il a laissé près de 250 messages de menaces. "Soit tu reviens, soit tu crèves", dit l'un d'eux. Quelques jours avant le drame, il avait d'ailleurs été condamné par le tribunal correctionnel de Créteil à une peine de prison avec sursis, assortie d'une interdiction de rencontrer la jeune femme.

Interpellé le soir-même dans les Hauts-de-Seine, Mahamadou Doucouré avait reconnu avoir kidnappé son fils et tué son ex-compagne. L’enfant avait été retrouvé sain et sauf, à ses côtés.

Une affaire à l’origine d’une loi contre les violences conjugales

Depuis les faits, la famille de la victime accuse la police et la justice d'avoir ignoré les menaces de mort proférées par Mahamadou Doucouré, séparé de la victime depuis mai 2009.

Très médiatisé, le crime avait conduit en juin 2010 à l'adoption d'une loi UMP-PS destinée à renforcer la lutte contre les violences conjugales et votée à l'unanimité par le Parlement.

Parmi les mesures les plus innovantes du texte, figurent une "ordonnance de protection" pour les victimes, la création d'un délit de "violence psychologique" et l'expérimentation pour trois ans du bracelet électronique destiné à maintenir à distance le conjoint violent.

Un individu "intolérant à la frustration"

Décrit par les psychologues comme un individu "intolérant à la frustration", Mahamadou Doucouré, vivant du RSA au moment des faits, avait déjà été condamné par la justice à de multiples reprises pour des violences, menaces ou outrages.

En 2006 et 2007, il a été détenu dans le cadre de l'enquête sur les "tournantes" des cités de Fontenay-sous-Bois pour lesquels il a comparu au début de l'automne, accusé de viols sur deux jeunes femmes, Nina et Aurélie. Acquitté pour les faits concernant Aurélie, il a en revanche été reconnu coupable et condamné le 11 octobre dernier à un an de prison ferme pour avoir violé Nina. Il a fait appel de sa condamnation.

Mardi dernier, Mahamadou Doucouré a en outre été entendu par la police judicaire du Val-de-Marne pour une autre affaire, comme le révélait Europe 1. Il était cette fois accusé par une ancienne compagne de lui avoir envoyé, pendant une année, des SMS et des courriers, depuis sa cellule de prison à Fresnes, pour la menacer de l'égorger et de lui faire subir la même mort qu'à la mère de son enfant.