Le fournisseur de Panzani se défend

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Thomas Morel et Ariane Lavrilleux , modifié à
INTERVIEW - "On ne pouvait pas soupçonner cette tromperie", dit Gel Alpes. Le trader est dans le viseur.

Après les plats surgelés, les boîtes de conserve. Le scandale de la viande de cheval qui frappe l'Europe depuis plusieurs semaines rebondit à nouveau. Cette fois, c'est Panzani qui en est la victime. Plusieurs boîtes de raviolis en conserve estampillées "pur bœuf", commercialisées sous sa marque par l'entreprise William Saurin, ont révélé la présence de cheval. Les produits ont été immédiatement retirés de la vente. Mais l'enquête est lancée et là encore, le circuit complexe de la viande de bœuf rend difficile l'identification du fraudeur présumé.

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Un circuit complexe. Pour fabriquer ses produits, William Saurin se fournissait auprès de l'entreprise Gel Alpes, basée dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui passait elle-même par un intermédiaire, lequel achetait la viande aux abattoirs. C'est Gel Alpes qui a alerté la direction de la répression des Fraudes (DGCCRF) : "quand nous avons vu dans la presse le fonctionnement de la filière Spanghero, nous avons réalisé que nous avions les même fournisseurs", explique Stéphane Maloisel, directeur général de Gel Alpes, au micro d'Europe 1.

Le trader, dénominateur commun. Pour se fournir en viande, la société négociait en effet avec un intermédiaire bien connu : Jan Fasen, le trader néerlandais déjà mis en cause dans l'affaire Spanghero. Gel Alpes lui a ainsi acheté 500 tonnes de bœuf en 2011, et encore 1.500 tonnes supplémentaires l'an dernier.

Spanghero viande

Courant février, le fournisseur français a donc fait réaliser des tests ADN sur neuf échantillons différents achetés auprès de Fasen. Les résultats : deux ne contiennent que du bœuf, trois contiennent à la fois du bœuf et du cheval et quatre ne contiennent que du cheval. "On avait un cahier des charges d'achat de viande bovine, des factures et des étiquettes de viande bovine, on ne pouvait pas soupçonner cette tromperie", certifie Stéphane Maloisel.

Des sanctions renforcées. De son côté, Benoît Hamon, le ministre de la Consommation, a annoncé mardi qu'il renforcerait les sanctions contre les fraudeurs, afin de les punir plus sévèrement si une affaire similaire devait se reproduire. Les amendes, qui sont aujourd'hui de 37.500 euros pour une personne et de 187.000 euros pour une entreprise, pourraient ainsi atteindre être portées à respectivement 300.000 et 1,5 million d'euros, avec un prélèvement supplémentaire équivalent à 10 % du chiffre d'affaires, et l'interdiction d'exercer.