Le blues des "bonnets rouges"

Les "bonnets rouges" n'ont plus vraiment le goût à porter leur couvre-chef coloré.
Les "bonnets rouges" n'ont plus vraiment le goût à porter leur couvre-chef coloré. © MaxPPP
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Damien Brunon et Pierre-Baptiste Vanzini , modifié à
A l’origine de la grogne pour l’emploi, les Bretons déplorent la récupération politique de leur mouvement.

L’INFO. Ils ont l’impression qu’on leur a confisqué leur lutte. Après les huées et les échauffourées qui se sont déroulées lundi sur les Champs-Elysées, les instigateurs de la grogne des "bonnets rouges", les ex-employés du volailler breton Gad en tête, ne se reconnaissent plus dans le mouvement qu’ils ont créé. En attendant un clarification du mouvement, ils refusent de remettre leurs couvre-chefs.

Mélange des genres. Rencontrés aux abords de leur futur ex-lieux de travail, David et Stéphane, sont déçus. "Ca a été récupéré par des groupuscules et ce n’est pas le but. Il ne faut pas oublier que les bonnets rouges au départ, c’est un collectif pour l’emploi", rappelle le premier au micro d’Europe 1. "Il y a eu trop de mélanges entre les patrons, les salariés, les syndicats, les paysans", confirme son ancien collègue chez Gad.

Analyse similaire du côté de Jean-Marc Martuchoix, le maire de Lampaul-Guimiliau, où est implanté Gad. Selon lui, on oublie les raisons de la lutte. "On a l’impression que maintenant, nos salariés, c’est le deuxième volet. On ne parle plus d’eux alors qu’il faut continuer à se battre pour eux et le combat n’est pas fini", explique l’édile du village d’un peu plus de 2.000 habitants.

Récupération du FN. Mais au delà de la colère des salariés de Gad, la grande peur des Bretons, c’est surtout d’être catalogués à l’extrême droite. Lundi, sur les Champs-Elysées, beaucoup de bonnets rouges se déclaraient électeurs du FN. "C’est scandaleux de voir des gens perturber une commémoration de cette nature, qui doit être faite dans la dignité. C’est scandaleux de voir des gens qui tentent de récupérer le mouvement", s’emporte Christian Troadec, maire divers gauche de Carhaix et leader de la grogne bretonne.

L’élu se montre désormais offensif envers ces personnes qu’il accuse d’avoir gangrené le mouvement. "Chacun a compris que c’est une provocation de l’extrême droite et personne n’est dupe, on sait bien que le mouvement des bonnets rouges est un mouvement pacifiste de personnes solidaires et que le Front National, c’est le poison de la Bretagne", conclue-t-il au micro d’Europe 1.

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