Le Lépine, "une reconnaissance"

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Marion Sauveur , modifié à
Europe1.fr vous retrace le parcours croisé de deux inventions lauréates.

Une histoire personnelle est souvent à l’origine d’une invention. C’est le cas de Fabrice Leblat, un des 133 lauréats du concours Lépine deuis 1901. Père d’une fille née sourde profonde, "[il] ne trouvait pas sur le marché de produit pour permettre à [sa] fille de s’exprimer", confie-t-il à Europe1.fr. A l’origine de plusieurs inventions diverses, il a alors eu l’idée de mettre au point le "Leblatphone".

Un clavier de syllabes

Tout débute en 1993. "Il m’a fallu treize ans pour réaliser ma machine à parler portative", raconte-t-il. Il lui fallait trouver le bon algorithme. Car le "Leblatphone" a pour particularité d’être un clavier non pas de lettres, mais de syllabes. C’est ensuite que cet inventeur dans l’âme a déposé son premier brevet, avant de financer sa maquette. Un investissement de 60.000 euros.

C’est tout naturellement qu’il s’est alors tourné vers le Lépine en 2006. "J’y allais chaque année, en tant que visiteur. J’ai tenté le concours pour me faire plaisir", se souvent-il. "Et j’ai décroché le premier prix !", se réjouit Fabrice Leblat. Une fierté pour ce papa qui a ainsi permis à sa fille de communiquer plus facilement.

A chacun son parcours

Autre lauréat, autre voie. Florence Poulet a pour sa part choisi de se présenter au concours Lépine en 2009 après avoir déjà fait ses preuves cette fois. Elle a alors déjà vendu 6.000 exemplaires de sa trouvaille. La jeune femme a mis au point trois années plus tôt l’"Easymétro", une boîte permettant de restituer l’itinéraire des transports en commun parisiens vocalement. L’idée lui est venue en observant une amie de sa fille, aveugle de naissance.

Florence Poulet et son associé ont démarché des entreprises telles que Le Crédit Agricole, La Caisse d’épargne, Microsoft ou encore Thalès. C’est ainsi que les premiers produits ont été vendus et distribués gratuitement par leurs clients. Le succès a été immédiat, notamment auprès des non technophiles et touristes.

Tout a commencé après le concours

Florence Poulet s’est lancée ensuite dans le e-commerce, mais seulement après sa réussite au Lépine. "Le concours a été un véritable accélérateur", assure-t-elle. Pour Fabrice Leblat, le concours a changé sa vie : il a quitté son métier de maître en bâtiment pour lancer sa société avec sa femme en 2007. Ensemble, ils ont réalisé le prototype et sont sortis les premiers modèles.

Très rapidement, Fabrice Leblat fait évoluer son produit. En 2008, il met sur le marché une machine plus grande, destinée à un public plus âgé. Puis en 2009, c'est le tour du "Leblatcom" - une nouvelle machine à parler destinée à d’autres pathologies et qui permet entre autres de réaliser des phrases à l’aide d’images -, avant de conquérir l’Angleterre et l’Irlande en 2010. Maintenant, Fabrice Leblat ne souhaite qu’une seule chose : "proposer un produit européen à l’horizon 2013".

Quant à Florence Poulet, elle se retrouve de nouveau au concours Lépine cette année, après avoir vendu 15.000 "Easymétros". Elle présente sa nouvelle "boîte vocale : l’"Easymove". Même présentation, plus design, mais nouveau projet. "Pour moi, le service d’Easymétro n’était pas complet. Il me fallait avancer dans la démarche. Avec Easymove, on peut répondre à d’autres besoins", a-t-elle précisé.

Ce nouveau boitier s’adapte au besoin des clients grâce à un système de balises. Il sera d’ailleurs testé en juin prochain dans Paris, à l’occasion du projet Pannames - une zone d'expérimentation urbaine, afin d'améliorer l'accessibilité et la mobilité des malvoyants et des malentendants -. D’ici deux ans, Florence Poulet aimerait proposer sa "boîte qui parle" au milieu médical et l’adapter en fonction des nécessités de chaque pathologie. A suivre…

Le Concours Lépine se déroule comme chaque année à la Foire de Paris, du 29 avril au 9 mai. Résultats de l’édition 2010 le 8 mai prochain.