La prison "version Botton" mal accueillie

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avec AFP , modifié à
Des habitants du Jura ont voté contre le projet de prison expérimentale dans leur village.

Pas de prison expérimentale à Saint-Julien. Invités dimanche à voter pour ou contre l'implantation d'un centre de réinsertion, dans cette commune du Jura, les habitants ont rejeté le projet. L'initiative divisait le village depuis plusieurs mois déjà.

Pour preuve, les résultats du vote sont assez contrastés. 54% des votants se sont prononcés contre l'implantation de cette prison alors que 46% y sont favorables. Quoi qu'il en soit le projet suscite un vif intérêt, si bien que 81,49% des habitants ont participé au vote, soit 251 votants sur 308 inscrits.

La mairie doit trancher

En décembre 2011, le site de Saint-Julien-sur-Suran a été retenu pour accueillir le projet de l'association "Les Prisons du coeur" fondée par Pierre Botton qui a fait 20 mois de prison dans les années 1990 pour abus de biens sociaux. Le concept : des détenus volontaires, obligés de travailler pour favoriser leur réinsertion et lutter contre la récidive.

"Avec une majorité de votes contre la prison de Pierre Botton, j'estime que nous avons gagné. Nous resterons mobilisés jusqu'à ce que le projet soit définitivement abandonné", a déclaré Janine Keser, secrétaire de l'association "Petite montagne espace de liberté", créée pour l'occasion.

Car  ce référendum ne signifie pas la mort du projet. Le conseil municipal doit ainsi se réunir "rapidement" pour "décider quelle suite il donne à cette consultation qui n'était pas décisionnelle", a indiqué la conseillère générale (UMP) Hélène Pélissard, porteuse du projet. "Les conseillers municipaux avaient indiqué que si le rejet était massif, ils abandonneraient le projet, mais ce soir, ce n'est pas le cas", a-t-elle ajouté.

Un travail de pédagogie avec les habitants

Les tensions sont donc loin d'être terminées entre les habitants de Saint-Julien. Une pétition a été lancée par des opposants. Selon eux, l'arrivée des détenus dans le village mettrait en péril le calme du village. "Ça va être extrêmement dérangeant. Il y aura du bruit, de la circulation, des visiteurs qui vont venir. Ils vont faire quoi ici toute la journée ? Il n’y a rien à faire", commentait en février dernier Christine Baille, une opposante du collectif "Petite montagne espace de liberté" au micro d’Europe 1.

Les personnes favorables au projet pointent de leur côté les avantages économiques. Une cinquantaine d'agents pénitentiaires pourraient en effet s’installer à Saint-Julien et l’installation de la prison serait à l’origine de la création d’une dizaine d’emplois. Autant d'arguments que compte mettre en avant Hélène Pélissard.

"Maintenant, nous avons besoin de ré-expliquer le projet aux habitants et de trouver une solution respectueuse de chacun", a-t-elle commenté. Cette dernière se félicite que "la campagne de terreur, de mensonge et de dénigrement menée par l'association n'a pas marché".

Pierre Botton optimiste

De son côté, Pierre Botton, l'ex-homme d'affaires à l'origine du concept de la prison expérimentale, s'est réjoui de la part importante des habitants de la commune qui s'étaient exprimés en faveur du projet. "C'est un magnifique message d'espoir. Il y a quand même 46% des gens qui ont dit : 'cette prison, on la veut chez nous'", remarque Pierre Botton au micro d'Europe 1.

"Pour 50% de la population, le mot détenu ne fait plus peur, en tout cas en ce qui concerne une certaine catégorie de la population. Les gens ont compris qu'il fallait incarcérer différemment", insiste-t-il. Dans l'attente d'une décision du conseil municipal, il a demandé aux habitants de la commune "d'oublier leur division et leur peur inutile et de se retrouver".