La fumée de bitume, une menace pour les ouvriers

L'Anses pointe un risque sanitaire pour les salariés exposés aux fumées nocives du bitume et formule ses recommandations pour réduire ces expositions, dans un rapport publié mercredi.
L'Anses pointe un risque sanitaire pour les salariés exposés aux fumées nocives du bitume et formule ses recommandations pour réduire ces expositions, dans un rapport publié mercredi. © Reuters
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avec AFP , modifié à
L'Agence nationale de sécurité sanitaire alerte sur les risques du bitume, que côtoient 93.000 salariés.

L'alerte. Après le scandale de l'amiante, celui du bitume ? L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) tire en tout cas la sonnette d'alarme, dans un rapport publié mercredi soir : les salariés exposés aux fumées nocives du bitume courent un risque sanitaire. Les bitumes, ce sont ces résidus de raffinage du pétrole, qui constituent l'ingrédient principal du liant qui assure la cohésion d'un revêtement (route, toiture, etc.). En France, pas moins de 93.000 ouvriers les travaillent quotidiennement et sont exposés à leur fumée.

Qui est concerné ? Saisie par la fédération nationale CGT des salariés de la construction afin d'évaluer les risques sanitaires, l'Anses insiste dans son rapport sur "l'importance de la mise en place d'une surveillance étroite des émissions potentiellement dangereuses pour les travailleurs". Entre 5.000 et 85.000 ouvriers du secteur de la construction et de l'entretien des routes et près de 8.000 ouvriers qui travaillent sur l'étanchéité des toitures sont concernés, selon des données rapportées par l'Agence.

Quels sont les risques ? L'exposition aux émissions de vapeur et de gaz, lorsque le bitume est chauffé pour être manipulé, peut provoquer des irritations oculaires et respiratoires, selon des études épidémiologiques qui ont pointé une augmentation significative des risques d'asthme et de bronchites chroniques. Il faut également prendre en compte que cette exposition a été classée comme "cancérogène possible" pour l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), rappelle l'Anses.

Quelles sont les recommandations ? Le rapport recommande de réduire les expositions professionnelles aux fumées de bitume. Cela "passe prioritairement par des mesures de prévention collective et d'adaptation de l'organisation du travail", comme par exemple de "décaler les horaires plus tôt l'été de manière à réduire l'impact de la chaleur". Il faudrait aussi "évaluer la pertinence d'un système de rotation des postes de travail permettant aux travailleurs d'alterner différentes tâches", souligne l'Anses qui préconise un suivi médical approprié des travailleurs.

L'Agence recommande aussi de sélectionner "les produits et procédés d'application les moins exposants" et de "respecter les températures propres à l'utilisation de chaque produit bitumeux". Enfin, elle encourage "le développement d'actions de recherche sur la question".