L'inquiétante hausse des disparitions d'enfants

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Thomas Morel et Raphaëlle Schapira , modifié à
Les parents divorcés sont de plus en plus souvent responsables de ces disparitions.

L'INFO. 50.000. C'est le nombre d'enfants qui, chaque année, disparaissent en France. Une situation "en constante augmentation depuis une dizaine d'années", selon la commissaire de Police Sophie Robert, et qui plonge à chaque fois les parents dans la détresse. Car si la très large majorité des enfants finissent par rentrer chez eux, on estime qu'en moyenne, chaque année, un disparu n'est jamais retrouvé. Samedi après-midi, une grande manifestation du souvenir est prévue place de la Bastille, à Paris, à l'occasion de la onzième journée internationale des enfants disparus.

Essentiellement des fugues. La plupart des cas de disparition sont des fugues : des enfants qui décident de quitter le domicile sans prévenir leurs parents. En 2012, on en a dénombré 49.000. Les deux-tiers rentrent à la maison dans le mois qui suit, mais certains attendent parfois jusqu'à un an avant de donner un signe de vie. Viennent ensuite les "disparitions inquiétantes", lorsque rien ne laisse penser à une fugue, mais qu'il n'y a pas pour autant de preuves d'enlèvement. Là encore, la quasi-totalité sont retrouvés en vie.

Enlevés par un parent. Mais ce qui inquiète le plus le ministère de l'Intérieur, ce sont les enlèvements d'enfants par l'un des parents. L'an dernier, 439 cas ont été dénombrés en France, un chiffre en augmentation de 12 % par rapport à 2011. Thierry, qui a vu sa fille enlevée par son ex-femme, se souvient pour Europe 1 : "le jugement avait laissé la garde à la mère pour une durée de six mois. Quinze jours après, elle a disparu, en laissant une fausse adresse." C'est alors un parcours du combattant qui s'engage pour le parent lésé. "J'ai fait des démarches auprès de la préfecture, de la justice. J'étais déchiré, je ne trouvais aucun conseil. 'Faites autre chose, reconstruisez votre vie, voilà ce qu'on me disait'", raconte Thierry. Pour lui, l'affaire s'est bien finie : un an et demi après la disparition, sa fille vient tout juste de lui être rendue.

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Des séparations qui se passent mal. Si le nombre d'enlèvements par les parents augmente autant, c'est d'abord parce qu'il y a de plus en plus de divorces ou de séparations qui se passent mal. Selon Marc Juston, juge aux affaires familiales à Tarascon, certains parents, qui ne supportent pas la rupture, cherchent alors à se venger de leur conjoint. "C'est une absence de communication, de dialogue parental. Il n'y a plus qu'un seul refuge, l'enfant, et on va l'enlever pour se venger de la souffrance que l'autre vous a imposée."

>> En cas de disparition, un numéro européen d'assistance au service des enfants disparus existe : le 116 000.