L’émouvant récit d’une victime d’Outreau

Dans une courte vidéo diffusée sur Internet, Chérif Delay raconte le calvaire vécu à Outreau.
Dans une courte vidéo diffusée sur Internet, Chérif Delay raconte le calvaire vécu à Outreau. © Capture écran YouTube
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Frédéric Frangeul , modifié à
Chérif Delay raconte dans une courte vidéo les sévices sexuels subis dans son enfance.

Le témoignage est poignant. Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube, Cherif Delay, l’une des victimes de l’affaire d’Outreau, revient sur les viols subis lorsqu’il était enfant.

"C’est le jour dont je me rappellerai toute ma vie. Il a commencé à me violer. J’avais mal". Le bourreau, Thierry Delay, est le beau-père de Chérif et compagnon de sa mère, Myriam Badaoui. Tous deux ont été condamnés à de lourdes peines de prison, en 2004, lors du procès d’Outreau, pour viols, agressions sexuelles, proxénétisme et corruption de mineurs.

Des faits insoutenables

Regard lointain, yeux humides, Cherif Delay se confie brièvement face à la caméra." Je lui ai dit que ça faisait mal. Il m’a dit ‘attends, tu vas connaître la vraie douleur’. J’ai pleuré". Les mots sont lourds, entrecoupés de silences. "Quand c’était fini, j’étais K-O, j’étais un légume", poursuit Cherif Delay.

Celui que son beau-père avait rebaptisé Kevin, pour ne pas avoir de "bougnoule à la maison", relate des faits insoutenables. "Des enfants, j’en ai vu défiler…Des fois, Aurore se faisait violer devant moi. Elle criait en me regardant, en pleurant", raconte-t-il, des larmes au coin des yeux.

Faire entendre la voix des enfants victimes

L’entretien a été réalisé par Serge Garde, un journaliste qui a co-écrit avec Chérif Delay le livre Je suis Debout, à paraître le 12 mai prochain. Les images ont été tournées au Sénégal où Chérif Delay a reconstruit sa vie après un parcours chaotique durant les années qui ont suivi le procès d’Outreau.

Par son récit, Cherif Delay entend faire entendre la voix des victimes d’Outreau. Dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy, il a récemment demandé au chef de l’Etat de recevoir les douze enfants abusés, de la même manière qu’il a présenté ses excuses aux treize adultes acquittés. Pour qu’on n’oublie pas qu’il y aussi eu des enfants traumatisés dans l’affaire d’Outreau.