Kerviel, "criminel, déloyal et tricheur"

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Hélène Favier (avec agences) , modifié à
L'ex-trader a été accablé par un de ses anciens supérieurs, lundi à la reprise de l'audience.

"On n'écrit pas à l'entrée de la salle de marché qu'il est interdit de frauder", a ironisé lundi un ancien supérieur de Jérôme Kerviel, lundi à la reprise de son procès à Paris.

"Je suis extrêmement choqué d'entendre Jérôme Kerviel dire "qu'on l'a laissé faire", a poursuivi devant le tribunal correctionnel Christophe Mianné, chef de la division actions et dérivés de la Société Générale.

L'ancien trader, jugé depuis le 8 juin pour avoir causé une perte de près de 5 milliards d'euros début 2008, affirme en effet que sa hiérarchie était au courant de ses prises de positions énormes sur les marchés financiers.

Une attitude "criminelle"

Quand on devient trader, on s'engage à être "loyal, transparent, et à respecter les limites", a ensuite expliqué Christophe Mianné pour qui Jérôme Kerviel est "malhonnête, déloyal, non transparent et tricheur".

Il a aussi eu une attitude "criminelle", a-t-il ajouté, évoquant le week-end de janvier 2008 durant lequel la banque a dû identifier le mécanisme de la "fraude" imputée à Jérôme Kerviel. Selon lui, Jérôme Kerviel a "refusé d'aider la banque" à connaître son exposition, afin de savoir le lundi matin "quoi faire de sa position monstrueuse", a-t-il déploré. Il a aussi "nié la réalité" et, le vendredi précédent l'annonce de la fraude, "il a augmenté sa position". Ce jour-là, "il a foncé dans le mur", a-t-il encore raconté.

"Un ami pas flambeur"

Avant d'être accablé par cet ancien chef de la SocGen, Jérôme Kerviel avait pu compter sur le soutien de la "déontologue" de la Société Générale, Valérie Rolland, chargée de veiller au respect, par les traders notamment, de la déontologie de la banque et de leur métier.

Employée autrefois au service de contrôle du "middle office", elle y a rencontré Jérôme Kerviel dès l'arrivée de celui-ci à la Société Générale, en 2000. Il était témoin à son mariage. A aucun moment, a-t-elle dit, elle n'a imaginé qu'il ait pu prendre des positions de dizaines de milliards. "J'ai du mal à imaginer qu'au sein d'une banque on puisse prendre de telles positions", a-t-elle assuré avant d'ajouter : "il était tout à fait normal, pas flambeur".

"Cela fait très mal"

Après la découverte de la "fraude", elle a demandé de ses nouvelles par sms, il lui a répondu "de l'oublier". "Cela fait très mal, je ne comprends pas, après tant d'années d'amitié", a ajouté, les larmes aux yeux, la jeune femme blonde. "On m'avait demandé de n'entrer en contact avec personne, a expliqué Jérôme Kerviel, (...) je ne voulais pas qu'elle soit inquiétée, qu'on lui reproche une collusion avec moi".

Poursuivi notamment pour faux et abus de confiance, l'ancien trader encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.