Jugée pour avoir dépecé son concubin

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avec AFP , modifié à
Elle avait abandonné le corps pendant des mois dans une cave avant de le brûler.

C'est une affaire macabre que doit juger la cour d'assises de Bobigny. Une femme comparaît depuis lundi pour le meurtre de son compagnon, dont le corps a été abandonné pendant des mois dans une cave avant qu'elle ne le dépèce et le brûle, conservant seulement la tête retrouvée dans une litière pour chats.

Cette femme de 59 ans est également accusée d'escroquerie pour avoir voulu se verser 23.000 euros avec des chèques de son ancien concubin, en septembre 2007, et pour avoir modifié son testament en sa faveur. En raison de l'absence du corps, la date du décès de Roger Vanhulst, qui était de vingt ans son aîné, n'a pu être clairement déterminée, mais il pourrait remonter à décembre 2006.

Une chute mortelle à l'origine du drame. Pour les juges, l'enjeu du procès sera notamment de reconstituer avec précisions les circonstances du drame. Les déclarations de l'accusée ont en effet beaucoup varié tout au long de l'enquête. Selon les dires de cette femme, son compagnon aurait fait une chute mortelle dans l'escalier menant à la cave, lors d'une violente dispute, dans sa maison à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.

Les traces relevées sur le crâne du défunt, retrouvé entouré d'un sac plastique dans un bac de litière pour chat, sont d'ailleurs venus confirmer les déclarations de l'accusée. Dans ses premières auditions, elle a dit avoir laissé le corps se décomposer pendant de longs mois après sa chute, avant de le décapiter et de tenter de le brûler. Une hache et des bassines, sur lesquelles des traces de sang ont été trouvées, ont été saisies au domicile.

Des sédatifs retrouvés sur les cheveux. Elle a ensuite raconté avoir transporté une partie du corps à l'aide d'un caddie de supermarché dans une autre maison ayant appartenu au défunt. C'est là qu'elle l'aurait brûlé, avant de ramener les restes chez elle. De la cendre et probablement des ossements ont ainsi été retrouvé dans une boîte à litière pour chats.

Les enquêteurs privilégient, eux, la thèse de l'homicide volontaire. Des traces d'un sédatif hypnotique ont en effet été détectées dans les cheveux du mort, alors même qu'aucun médicament de ce type ne lui avait été prescrit. Mais dans ses dernières auditions, l'accusée, une femme sans instruction arrivée d'Algérie en France à 18 ans et qui a dû se prostituer pour subvenir à ses besoins après la naissance de sa fille, a tout nié en bloc.

"Une très grande zone d'ombre". "L'instruction a été honteusement longue", a déploré Me Jean-Christophe Boyer, l'avocat des neveux du défunt, qui se sont constitués parties civiles. La longueur de l'instruction, le manque de preuves matérielles et des témoignages contradictoires font qu'il y a "une très grande zone d'ombre" dans ce procès, a pour sa part fait valoir l'avocat de l'accusée, Me Pascal Garbarini.

L'accusée avait été remise en liberté sous contrôle judiciaire en février 2011, après trois années d'instruction. Le procès doit durer jusqu'à mardi.