Jugé pour avoir envoyé des balles à Sarkozy

Thierry Jérôme, qui signait ses lettres de menaces "Cellule 34", est jugé lundi.
Thierry Jérôme, qui signait ses lettres de menaces "Cellule 34", est jugé lundi. © EUROPE 1
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avec Pierre de Cossette et AFP , modifié à
Deux ans de prison avec sursis ont été requis contre l'homme qui signait ses menaces "Cellule 34".

Le procès. Quel est le point commun entre Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, Alain Juppé, Ségolène Royal, Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Pierre Pernaut ? Tous ont été destinataires de courriers anonymes de la mystérieuse "Cellule 34", en 2009. Leur auteur, qui se trouvait en fait être un homme seul de 54 ans, sans emploi et souffrant de problèmes psychiatriques, était poursuivi lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour menaces de mort et infraction à la législation sur les munitions. Une peine de deux ans de prison avec sursis assortie d'une obligation de soins a été requise à son encontre. Le jugement a été mis en délibéré au 15 janvier.

Des menaces précises... mais confuses. Au total, Thierry Jérôme est soupçonné d'avoir envoyé près d'une quarantaine de courriers menaçants à des personnalités. "Vous n'êtes que des morts en sursis, des morts verrouillés. (...) Vous UMP Nouveau centre FN et autres collabos centristes et socialos collabos. Vous êtes dans les starting blocs de la mort (sic)", écrivait-il. La plupart des enveloppes contenaient en outre une balle de 9 mm. Le ton des courriers, le profil des destinataires ou encore l'emploi du pronom "nous" avaient d'abord orienté les enquêteurs sur la piste d'un groupe libertaire. Plusieurs personnes, appartenant à des mouvances d'extrême-gauche, avaient d'ailleurs été arrêtées.

Les aveux. Mais des traces ADN, retrouvées sur certaines lettres, avaient finalement permis d'identifier Thierry Jérôme. Cet homme sans emploi habitait dans la région de Montpellier et fréquentait un stand de tir. Il avait été brièvement mis en détention provisoire, avant d'être placé sous contrôle judiciaire. Thierry Jérôme a reconnu avoir envoyé ces lettres anonymes. Mais il avait expliqué à l'époque que des problèmes de santé avaient causé des troubles psychiatriques. "Les médicaments m’ont fait faire un dédoublement de personnalité. Et ce dédoublement de personnalité m’a fait disjoncter", avait-il raconté sur Europe 1.

"Je regrette, oui", avait confié Thierry Jérôme, parlant de lettres "ignobles" et "absurdes" :

Le "corbeau" assure avoir "disjoncté"par Europe1fr

Responsable ou non ? Son avocat, Me Mathieu Croizet, estime aujourd'hui que la responsabilité pénale de son client ne peut être retenue. Un psychiatre qui avait examiné Thierry Jérôme lors de sa garde à vue l'avait jugé dangereux pour lui-même et pour autrui et avait conclu à une abolition de son discernement. Une seconde expertise réalisée deux mois plus tard à la demande du juge d'instruction avait conclu à une simple altération de son discernement. Me Croizet déplore que la justice se soit fondée sur cette dernière expertise pour renvoyer le prévenu devant le tribunal.

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