"Je n'imagine pas repartir" au Japon

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avec Stéphane Barnoin , modifié à
- Une famille d’expatriés, qui a dû quitter le Japon, se reconstruit en France.

Une semaine après le tsunami qui a secoué le Japon, Valérie et ses deux enfants sont rentrés en France. Stéphane Barnoin, pour Europe 1, a rencontré la famille qui a précipitamment quitté le pays du soleil levant, pour fuir notamment le risque nucléaire et les nouvelles menaces sismiques. En rentrant en France, tous trois ont laissé derrière eux leurs amis, leurs professeurs, leur maison, mais surtout leur père et mari contraint de rester sur place pour des raisons professionnelles.

Se projeter de nouveau en France

La famille est arrivée en France vendredi soir, à Roissy-Charles de Gaulle avec le strict minimum : trois valises remplies de vêtements à la hâte. Valérie, Maxime et Elise sont depuis hébergés provisoirement par les parents de la mère de famille, à Cournon, près de Clermont-Ferrand.

En l’espace de trois jours, il leur a fallu oublier autant que possible l’angoisse et la peur qu’ils ont ressenties au Japon, pour se projeter de nouveau en France, pays qu’ils avaient quitté depuis trois ans et demi. Lundi matin, Valérie a fait toutes les démarches pour re-scolariser ses enfants. Et dès le lendemain, Maxime et Elise ont dû reprendre le chemin de l’école, la boule au ventre.

Une nouvelle rentrée scolaire

Du haut de ses 16 ans, Maxime a confié, au matin-même de sa rentrée scolaire, appréhender énormément son arrivée dans une nouvelle classe de seconde. "J’ai quitté tous mes amis et j’avais de bons profs. Je ne sais pas comment ça va être", a-t-il confié, la gorge serrée au micro d’Europe 1. "Savoir que je ne connais personne, que ça va être un grand lycée et que je pars d’un petit lycée : ça fait bizarre et c’est ce qui me fait le plus peur", a-t-il expliqué.

"Je me sens très mal" :

Elise a vécu également mardi matin sa rentrée des classes. Moins angoissée à l’idée de rencontrer de nouveaux camarades, elle a été très marquée par ce qu’elle a vécu au Japon. A 8 ans, elle continue à poser beaucoup de questions, notamment sur les risques nucléaires à la centrale de Fukushima. Pour la rassurer, Valérie utilise un dessin animé japonais explicatif, réalisé après la catastrophe par le gouvernement japonais. Selon la mère de famille, "ça dédramatise" les faits.

Pour Valérie, la vie au jour le jour est angoissante. Toutes les télévisions de la maison sont tournées vers les chaînes d’information en continu. La distance avec son mari, resté sur place, n’arrange pas les choses. Mais elle reste en contact avec lui, par Internet. "On n’a pas encore trop pensé à la séparation", confie-t-elle tout en tapotant sur son clavier alors qu’un nouveau séisme vient tout juste de se produire.

"Les prochaines semaines vont être dures" :

Une fois que la situation sera calmée au Japon, la famille de Valérie aura la possibilité de repartir. Mais a priori, la réponse est toute trouvée. Valérie et les deux enfants ont été traumatisés. "Je n'imagine pas repartir là-bas, explique-t-elle, et prendre le risque d'exposer les enfants à une nouvelle catastrophe".