Islam : les interrogations de Nemmouche en prison

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avec AFP , modifié à
Le principal suspect de la tuerie du Musée Juif de Bruxelles avait écrit une lettre à une association pour obtenir des réponses à ses questions sur l'islam.

Alors que le recrutement des futurs djihadistes français se fait de plus en plus sur Internet, c'est en prison que Medhi Nemmouche s'est, lui, radicalisé. Le principal suspect de la tuerie du Musée Juif de Bruxelles a en effet séjourné en prison de décembre 2007 à décembre 20012. Et durant sa détention, Mehdi Nemmouche réclamait des textes sur l'islam à une association de soutien à des prisonniers musulmans.

Diverses questions religieuses. Dans un courrier de trois pages, en date du 6 septembre 2011, Medhi Nemmouche demande à l'association Sanabil de lui communiquer des documents sur diverses questions religieuses. Mehdi Nemmouche demande notamment des éléments sur "l'obligation du niqab et du hajib" ou sur des hadith (recueil des actes du prophète) concernant la longueur requise pour la barbe.

Dans le courrier adressé à Sanabil, il n'est fait nulle mention d'une volonté de mener une action violente. Et, si tel avait été le cas, sa lettre aurait été censurée par les surveillants et n'aurait jamais pu sortir de prison.

"J'ai le sentiment de déranger". Rédigée dans un français impeccable, interrompu de formules religieuses calligraphiées en arabe, le détenu raconte seulement avoir "beaucoup de difficultés à se procurer les lectures religieuses qu'il désire". Il déplore aussi de n'avoir "pas de parloir" pour se les faire apporter. "Il m'arrive de temps à autres de demander à un des rares frères avec qui je suis encore en relation à l'extérieur de m'envoyer des feuillets concernant les sujets de mon choix", mais "les frères à l'extérieur ont leurs vies et parfois j'ai le sentiment de déranger", écrit le prisonnier dans cette lettre à l'écriture presque scolaire, avec très peu de fautes d'orthographe.

"Les seuls frères avec qui j'ai des contacts permanents sont eux-mêmes détenus dans diverses prisons", poursuit-il, confirmant les informations selon lesquels il n'avait quasiment plus de contacts avec sa famille.

Pas de volonté d'obtenir un soutien financier. Enfin, Medhi Nemmouche précise bien qu'il ne sollicite par cette association pour obtenir un soutien financier. "J'insiste bien sur le fait que je ne suis pas du tout intéressé par un soutien financier, mais exclusivement par des textes religieux", explique-t-il. L'association, qui assure ne pas pratiquer le prosélytisme, se fixe en effet comme but d'apporter un soutien moral et financier à 500 détenus musulmans, dont 200 en France.

"On lui a envoyé certains livres". Son responsable, qui ne souhaite pas donner son nom, confirme par ailleurs que cette lettre a été envoyée par un détenu s'appelant Mehdi Nemmouche. "On lui a envoyé certains livres et écrits demandés, mais pas tous", a-t-il déclaré, ne se souvenant pas précisément lesquels, car "ça remonte à 3 ans".

Principal suspect dans la fusillade de Bruxelles. Plus d'un an après sa lettre, le 4 décembre 2012, Mehdi Nemmouche sort de prison. Le 31 décembre, il se rend en Syrie depuis Bruxelles, en passant par Londres, Beyrouth et Istanbul. Le 18 mars, les douaniers allemands le contrôlent à son retour en Europe, après des passages en Malaisie, à Singapour ou à Bangkok. Sa trace se perd alors jusqu'à son arrestation, vendredi, à Marseille. Aujourd'hui, l'homme, qui s'était illustré par son prosélytisme extrémiste en prison, est suspecté d'être l'auteur de la tuerie de Bruxelles, qui a causé la mort de trois personnes, le 24 mai.

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