"Il valait mieux que ça s’arrête"

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avec Emilie Denêtre , modifié à
TEMOIGNAGE- Après quatre mois d’enseignement, Isabelle, jeune prof stagiaire, préfère démissionner.

"Chaque jour, je priais pour qu’il se passe quelque chose pour ne pas avoir à aller en classe". Isabelle, jeune prof de français dans un collège de Seine-et-Marne depuis septembre, a décidé de démissionner. "Après plusieurs arrêts maladie, il valait mieux pour tout le monde, pour moi comme pour les élèves, que ça s’arrête là", confie la jeune femme, lucide mais émue.

Isabelle, âgée de 29 ans, fait partie des 15.000 jeunes enseignants qui ont fait leur rentrée 2010 sans aucune formation spécifique. Des professeurs débutants catapultés devant des élèves du jour au lendemain. A l’heure du premier bilan sur la rentrée des classes par le ministre de l’Education Luc Chatel, combien sont-ils à avoir baissé les bras comme Isabelle ? Impossible à savoir. Au ministère, on assure qu’il n’y a pas plus de démissions que l’an passé. Pourtant, sur le terrain, les congés-maladie se multiplient.

"Un stress qui ne s'arrête jamais"

Sa rentrée, Isabelle s’en souvient comme si c’était hier. Début septembre, la jeune femme apprend qu’elle est affectée dans un collège de Seine-et-Marne. Deux classes de 5e et 4e, à qui elle doit enseigner le français. Deux jours plus tard, elle se lance "sans connaître le contenu des programmes et sans avoir aucune idée de la manière dont on peut construire un cours", explique t-elle.

Elle découvre alors un rythme infernal, 18h de cours à préparer, l’équivalent d’un temps plein de prof aguerri, très peu d’heures de sommeil. Elle ne prend plus le temps de manger. Très vite, c’est "une angoisse qui s’installe, des pleurs et un stress permanent qui ne s’arrête jamais, ni le week end ni pendant les vacances", témoigne la jeune prof.

"Bricoler quelque chose"

Un sentiment d’échec s’installe aussi : "J’avais un peu honte devant mes élèves", raconte la jeune prof stagiaire. Avec toujours cette impression de "bricoler quelque chose pour ne pas être complètement ridicule devant eux", souligne t-elle.

Dans les prochains jours, Isabelle s’apprête à aller porter sa lettre de démission aux ressources humaines, sans savoir ce qu'elle va faire pour gagner sa vie. Elle "recommence à zéro", comme elle dit.