Hormone : la cour d’appel va trancher

Depuis 1991, 120 personnes sont mortes des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jacob
Depuis 1991, 120 personnes sont mortes des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jacob © MaxPPP
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avec AFP
Les deux seuls prévenus de l’affaire de l’hormone de croissance seront fixés sur le sort jeudi.

Un marathon judiciaire va prendre fin. Vingt ans après le décès des premières victimes françaises de l’hormone de croissance, contaminées par la maladie de Creutzfeldt-Jacob à cause d'un traitement destiné à les faire grandir, la cour d'appel de Paris déterminera jeudi s'il existe des responsabilités.

En première instance, en 2008, aucun des sept scientifiques poursuivis dans ce dossier de santé publique n’avait été condamné. Un jugement qui n’avait pas manqué de provoquer l’incompréhension et la colère des proches des victimes.

A l’automne 2010, seuls deux prévenus étaient rejugés par la Cour d’appel de Paris. Fernand Dray, 88 ans, ancien responsable d'un laboratoire de l'Institut Pasteur était accusé de "tromperie aggravée" et "d’homicide involontaire". Elisabeth Mugnier, 62 ans, pédiatre à la retraite, est accusée de "complicité de tromperie aggravée" et d’"homicide involontaire".

120 décès depuis 1991

Depuis 1991, 120 personnes sont mortes des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jacob. Tous avaient reçu au milieu des années 80 des injections d'hormones contaminées dans le cadre d'un traitement destiné à favoriser leur croissance.

Le nombre de victimes potentielles pourrait exploser, cette maladie dégénérative ayant une période d’incubation pouvant dépasser 30 ans. 1.500 enfants ont reçu ces hormones fabriquées à base d'hypophyse, une glande crânienne prélevée sur des cerveaux de patients décédés.

L’association France Hypophyse, chargée de superviser la production du traitement, est accusée d’avoir commis des négligences lors de la collecte des hypophyses sur des cadavres à risques et avec des méthodes imprudentes.

"Une page noire pour la France"

L'Institut Pasteur est pointé du doigt faute de précautions suffisantes pour purifier l'hormone, par la Pharmacie centrale des Hôpitaux (PCH) en raison d'un contrôle défaillant du produit.

L'avocat général Bruno Sturlese a réclamé trois ans de prison avec sursis contre l'ancien directeur du laboratoire de l'Institut Pasteur chargé d'extraire l'hormone. A l'encontre de la pédiatre qui fut l'une des chargées de la collecte des hypophyses dans les morgues des hôpitaux, le parquet général a requis de six à douze mois avec sursis, qualifiant de "page noire pour la France", de "drame national" cette catastrophe de santé publique.