Hommage aux deux otages tués au Mali

Un hommage a été rendu aux deux otages français tués au Mali il y a un an.
Un hommage a été rendu aux deux otages français tués au Mali il y a un an. © MaxPPP
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avec Jessica Jouve et agences , modifié à
Les familles ont profité de la marche pour demander la vérité sur les circonstances de leur mort.

L'émotion était au rendez-vous dimanche matin à Linselles dans le Nord. Une messe et une marche en hommage à Antoine de Léocour et Vincent Delory étaient organisées par les familles, un an après leur enlèvement au Niger et leur décès le lendemain au Mali lors d'un assaut des forces franco-nigériennes.

Après la messe, la foule a marché vers le cimetière ou une stèle de marbre noir représentant les deux otages a été dévoilée. "C'est une manière de leur rendre hommage", expliquait une habitante au micro d'Europe 1.

"Nous voulons la vérité pour avancer"

L'heure n'est pas seulement à la commémoration. De nombreuses questions demeurent sur les circonstances exactes de la mort des deux jeunes hommes de 25 ans. "C'est très important pour nous qu'on marque cette première année", a assuré la soeur d'un des otages, Annabelle Delory sur Europe 1. "Nous voulons la vérité pour nous permettre d'avancer".

"On nous cache des choses qui sont certainement très gênantes pour les partis politiques ou militaires. On nous doit la vérité. On ne peut pas accepter qu'on nous prenne un enfant sauvagement et qu'on en reste là", explique Jacqueline, la mère de Vincent.

Un nouveau témoignage suscite des interrogations sur le rôle de l'armée française. L'avocat de la famille Delory, Me Frank Berton, soupçonne que les tirs de l'armée française ont mis le feu au 4x4 dans lequel était enfermé le jeune homme, provoquant sa mort, une version des faits confortée par le témoignage d'un membre d'Aqmi dans Libération.

"Le dénouement dramatique de ton enlèvement résulte d'une décision politique, d'une volonté de fermeté à l'égard du terrorisme qui ne t'a laissé aucune chance", a clamé sa soeur, Annabelle. "Aujourd'hui, nous voudrions que l'on reconnaisse que tu as été sacrifié pour une raison d'Etat. Tu es mort par et pour la France et nous voudrions qu'on reconnaisse ton martyre", a-t-elle poursuivi.

De nombreuses questions en suspens

"On se demande : 'pourquoi eux' et 'pourquoi cette intervention', 'pourquoi à ce moment-là', 'qui a donné l'ordre d'intervenir', 'sur quels éléments on s'est basé pour intervenir' ?'", a pour sa part énuméré Catherine, la soeur d'Antoine de Léocour.

Les avocats des deux familles, Me Berton et Me Casubolo Ferro, demandent depuis plusieurs mois la levée du secret-défense sur la totalité de l'enregistrement vidéo de l'assaut.

Des images en survol prises par l'armée française lors de cet assaut ont été diffusées en septembre sur TF1. Elles montraient en particulier la destruction de deux véhicules transportant des ravisseurs et des gendarmes nigériens, également pris en otage. En revanche, la vidéo de la destruction du troisième véhicule, un pick-up blanc avec à son bord les deux otages français, n'avait pas été diffusée car ce passage de l'assaut - d'environ une minute - ne figurait pas dans les images transmises par l'armée à la justice.

Par ailleurs, ils réclament que l'enquête soit élargie afin que le chef d'homicide involontaire y soit inclus, afin de pouvoir faire la lumière sur les tirs des militaires français et déterminer qui les a ordonnés.