Harcelée depuis des mois par un corbeau

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Une corneille noire suit, voire attaque, depuis juin une mère de famille. L’État essaie d'abattre l'oiseau.

Nous n'en sommes pas au point de l'anxiogène du film Les oiseaux d'Alfred Hitchcock, mais ça y ressemble. Une corneille est devenue l'ennemi numéro Un d'une paisible commune proche de Belfort, depuis qu'elle a décidé de ne plus lâcher une habitante. Les services de l’État ont même décidé de recourir à des mesures pour tuer l'animal, mais n'y parviennent toujours pas.

"Peut-être qu'il essaie de faire ami-ami"

Corbeau

 L'étrange calvaire de Patricia Gasser commence au mois de juin. Depuis cette date, une corneille noire l'attend chaque jour à la sortie de son domicile, la suit partout, parfois sur plusieurs kilomètres, et lui a même foncé dessus plusieurs fois. "Quand je sors de chez moi il est là. Quand je change de place il change de place. Je n'ose plus sortir de chez moi et quand je sors, c'est avec un couteau. Je ne mange plus, je ne dors plus, je n'en peux plus", explose cette aide à domicile de 45 ans, qui réside à Froidefontaine.

"Au début, il faisait de drôles de bruits quand il me voyait, pas comme un croassement habituel. Tous les matins à cinq heures, il tape contre la cheminée et réveille toute la famille. Et puis, maintenant, il me fonce dessus!", confit-elle Au Parisien. Le corbeau a attaqué à quatre reprises, la griffant sévèrement. "Une fois, j'allais au travail, j'étais au volant, fenêtre baissée, lorsqu'il a piqué en flèche. Il m'a agrippé le bras et s'est débattu, avant que je n'arrive à le faire sortir de la voiture", raconte-t-elle, encore éprouvée.

Le volatile, décrit-elle, attaque Patricia Gasser uniquement lorsqu'elle est seule, "plutôt le matin et plutôt en campagne". "Il ne s'en prend qu'à moi et je n'arrive pas à expliquer pourquoi. C'est peut-être une bête domestiquée qui essaie de faire ami-ami et comme je le repousse, il devient agressif", avance cette mère de quatre enfants.

Il aurait choisi Patricia comme nouveau maître

Une théorie que confirme l’Association communale de chasse agréée (ACCA) de Froide-fontaine, contacté par le journal Le Pays. Selon eux, le corbeau ne montre pas de signes d'agressivité car une corneille peut se montrer beaucoup plus violent que ça. Elle peut, par exemple, s'attaquer aux yeux de l'homme et tenter de les lui arracher. Dans le cas de Patricia, il pourrait s'agir d'un animal apprivoisé et abandonné par son propriétaire, qui aurait choisi Patricia comme nouveau maître.

"Bien sûr, ce n’est pas un comportement normal, confirme Christophe Morin, de la Ligue pour la protection des oiseaux, à Besançon, contacté par Le Parisien. La corneille a été probablement imprégnée par l’homme, et a perdu toute inhibition. La faute à celui ou ceux qui ont élevé cet oiseau, avant de le remettre en liberté."

600 signataires pour sa survie

Le préfet du Territoire-de-Belfort a pris un arrêté pour autoriser l'abattage de l'animal, qui pour l'heure vole toujours. L'ensemble des lieutenants de louveterie du département ont désormais compétence pour intervenir, avec l'appui des agents de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), et des pièges seront posés, précise la préfecture. "Les services de l'Etat ainsi que tous les acteurs compétents sont mobilisés pour permettre à la personne menacée de retrouver la tranquillité au plus vite".

"Le problème est que les corneilles et les corbeaux sont très malins. Il suffit qu’ils voient de très loin un homme muni d’un fusil pour savoir que c’est dangereux pour eux", explique au Parisien un lieutenant de louveterie.

Plusieurs défenseurs des animaux se sont par ailleurs élevés contre l’abattage de la corneille. Une pétition destinée à préserver la vie de l’oiseau dépasse même les 600 signataires sur Internet.