Grippe : pourquoi le vaccin a été moins efficace

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Thomas Morel et Eve Roger , modifié à
ENQUÊTE E1- Un incident lors de la fabrication du vaccin l'a rendu moins utile cette année.

A peine la fin de l'épidémie de grippe annoncée, les scientifiques s'interrogent. Le vaccin a-t-il pleinement joué son rôle ? Selon le site Internet du Nouvel Observateurconsacré à la santé, il se pourrait bien que non. Suite à un incident lors de la production du vaccin contre la grippe de cet hiver, l'efficacité de celui-ci aurait été moindre que prévu, à peine 50 %, au lieu de 75 % actuellement.

Comment fabrique-t-on le vaccin contre la grippe ? Chaque année, en prévision de l'hiver, des scientifiques du monde entier sélectionnent les souches de virus de la grippe les plus à même de faire surface durant l'hiver. Ces souches sont ensuite cultivées dans des œufs de poule, avant d'être utilisées pour les vaccins.

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Que s'est-il passé ? Cette année, un évènement imprévu s'est produit au début du processus. L'un des virus sélectionnés, le A H3N2, s'est transformé pendant la phase de culture. Presque rien, à peine un acide aminé, l'une des molécules de base qui le composent. Mais à l'arrivée, le virus n'était plus exactement le même que celui qui se propageait dans la nature, et le vaccin n'était donc plus totalement adapté.

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Un évènement très rare. Selon les scientifiques, c'est la première fois qu'un tel incident se produit. "Cette modification est passée totalement inaperçue car elle n'avait a priori aucune incidence", explique au micro d'Europe 1 le professeur Bruno Lina, directeur du centre national de référence de la grippe. "Ce n'est qu'après que l'on s'en est rendu compte". A ce moment-là, il était déjà trop tard : repréparer les souches prend en effet plusieurs mois, et le vaccin n'aurait jamais été prêt à temps pour l'hiver.

Les conséquences. Le vaccin contre la grippe se compose de trois souches. Cette année, en plus de A H3N2, le produit commercialisé contenait les virus A H1N1 et B H1N1. En France, ce sont celles-ci qui ont le plus circulé durant l'hiver. L'impact de la transformation a donc été limité. Cependant, A H3N2 est une souche particulièrement dangereuse pour les personnes âgées. Les autorités sanitaires pourraient donc constater d'ici quelques mois une surmortalité chez les personnes âgées cet hiver. "Mais pour l'instant, il est beaucoup trop tôt pour dire si cela a eu une conséquence ou pas", conclut Bruno Lina.