Grève des éboueurs : Marseille respire

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Le préfet a dû intervenir pour mettre fin à ce enième conflit autour du juteux marché des ordures.

Marseille va pouvoir respirer à nouveau. Le mouvement de grève qui paralysait depuis une semaine la collecte des déchets à Marseille a été suspendu samedi à l'issue d'une réunion de négociation avec les salariés en préfecture, a annoncé le président socialiste de la communauté urbaine de Marseille.

"Le conflit est suspendu. Nous avons trouvé un accord", a annoncé le président de Marseille Provence Métropole (MPM) à la sortie de la réunion. Un représentant des grévistes a confirmé la suspension du mouvement.

La grève est liée à un nouvel appel d'offres émis par la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) concernant l'attribution de la collecte des déchets sur certains secteurs de Marseille. Les poubelles restent une confortable source de revenus, mais aussi un terrible moyen de pression à Marseille. Les salariés de l’entreprise de collecte des déchets ISS Environnement ont bloqué lle ramassage des poubelles dans une partie de la cité phocéenne pour exiger des garanties sur la pérennité de leurs emplois.

Les centres de traitement des ordures bloqués

Les salariés d’ISS craignent que leur entreprise ne remporte pas ce marché public, et donc des pertes d’emploi. Ils ont donc bloqué l’accès aux centres de traitement des déchets du nord et du sud de la ville, avant d’être délogés samedi soir par les CRS. Depuis, le conflit s’enlise.

"Par le passé, tous les cahiers des charges contenaient une clause garantissant la reprise intégrale du personnel", a expliqué Bernard Pizzo, délégué syndical FO chez ISS, qui craint que cela ne soit plus le cas.

Des marchés publics passés sans sérénité

La répétition du phénomène participe à l’image contrastée de Marseille. Juin 2006, avril 2007, juin 2009, Octobre 2009, mars 2010. Le scénario est toujours le même : la grève survient lors de l’attribution d’un marché public, ou peu de temps avant, pour lutter contre tout changement.

La redistribution du juteux marché des ordures, via un nouvel appel d'offres pour la collecte des déchets, menace la situation d’ISS Environnement puisque son secteur de collecte va être amputé de 20% au profit d'une régie publique.

La situation est d’autant plus ubuesque que le précédent appel d’offre avait abouti à l’attribution du marché de collecte à la société ISS, avant d’être annulé par la mairie suite à la grève des éboueurs de la société Bronzo, filiale de Véolia.

Vers un retour au public ?

Le rapport de la Cour régionale des comptes publié en 2008 dénonçait "l'augmentation exorbitante des coûts du privé dans la collecte des déchets à MPM" et demandait "un retour au tout public et l'intégration des salariés du privé avec maintien des revenus."

Bronzo et ISS pourrait donc tous les deux perdre la donne si MPM créait une régie publique de collecte des ordures. Mais si la communauté urbaine, dirigée par un socialiste, n’exclut pas cette possibilité, la mairie UMP de Marseille le refuse catégoriquement.

Quand aux agents territoriaux en charge du ramassage des déchets, ils ont également affiché leur différence et ne souhaitent pas être confondus avec les grévistes.

"Les gens nous confondent avec les employés du privé", regrette par exemple Philippe, agent territorial :

"MPM ne cédera pas à un nouveau chantage en plein milieu d'un appel d'offres", a déclaré le président de MPM, Eugène Caselli, dénonçant "une ingérence dans un marché public". La décision finale dans ce nouvel appel d’offre est attendue à la mi-mai.

- Pourquoi Marseille n'arrive pas à régler le problème de collecte des ordures ?