Garde à vue : "On perd la tête"

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Fabienne Cosnay , modifié à
Le président de la Ligue des droits de l’homme dénonce sur Europe 1 ses dérives.

"Je pense que nous perdons la tête" a affirmé mercredi sur Europe 1 Jean-Pierre Dubois, professeur de droit public à Paris-XI et président de la Ligue des droits de l'homme au lendemain de la polémique suscitée par le placement en garde à vue de trois collégiennes à Paris.

"Vous avez des gamines qui se bagarrent sur le trottoir, il n’y a aucune infraction, aucune procédure judiciaire sérieuse ouverte. Et ce qui devrait faire l’objet d’une simple réprimande des parents ou des enseignants se transforme en garde à vue" a déploré le président de la LDH, qui a lancé à l’automne une campagne intitulée "Urgence pour les libertés". Un cas d’espèce, qui selon lui, montre bien "la nécessité d’une police de proximité pour éviter qu’il y ait des tensions".

Garanties insuffisantes

"Il faut des gardes à vue bien sûr mais qui respectent le droit" a insisté Jean-Pierre Dubois. "La France va à nouveau être condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour le non respect de certaines garanties. Nous sommes le seul pays européen où les avocats ne peuvent pas assister les gens en garde à vue" a-t-il insisté.

Au sujet du projet de réforme défendu par la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie, notamment sur le recours à la garde à vue pour les seuls délits passibles d’une peine de prison, le président de la LDH s’en est félicité. Des réserves, cependant : "Tout ça pourrait être une simple réflexion de bon sens si on n'était pas dans un climat d'hystérie sécuritaire", a affirmé le président de l'organisation, qui a déploré qu'à l'approche des élections, le pouvoir fasse "risette au Front national".

Non respect de la CEDH

Interrogé sur la proposition de la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie d'assurer la présence d'un avocat après 24h de garde à vue, il a rétorqué qu'apparemment, "le gouvernement français ne sait pas qu'il existe une cour européenne des droits de l'homme, qui exige qu'un avocat soit présent dès la première heure".

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