Gardasil : "aucun pays n'a signalé de problème"

C'est une première : une patiente porte plainte contre le laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur qui développe le Gardasil
C'est une première : une patiente porte plainte contre le laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur qui développe le Gardasil © MAXPPP
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Thomas Sotto avec , modifié à
LE  POINT DE VUE DE - Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus fait l'objet d'une plainte. Faut-il s'inquiéter ?

L'INFO. C'est une première : une patiente porte plainte contre le laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur qui développe le Gardasil mais aussi contre l'Agence du médicament. La jeune fille de 18 ans accuse ce vaccin, recommandé par le ministère de la Santé pour prévenir les cancers du col de l'utérus, d'avoir provoqué sa sclérose en plaques, a révélé le Journal du Dimanche. Quelques jours après la prise, des "effets secondaires" seraient apparus. "Je me suis retrouvée dans les toilettes en train de vomir. J'ai senti des fourmillements au bras et à la jambe. Je n'arrivais plus à marcher. Je me tenais à des amis pour essayer de tenir debout", a raconté lundi la jeune femme au micro d'Europe 1.

>> Les 2,6 millions de femmes vaccinées en France doivent-elles pour autant s'inquiéter ? Trois questions au médecin et chroniqueur spécialisé d'Europe1, Jean-François Lemoine.  

Le Gardasil est-il dangereux ? "La sclérose en plaque est une maladie extrêmement grave et il faut donc être extrêmement prudent et attentif. Je ne dis pas que la maladie de cette patiente n'est pas liée au vaccin. On peut simplement constater que le vaccin est vendu à 136 millions de dose dans le monde et qu'aucun pays n'a signalé de problème. Il est logique que les patientes veuillent comprendre. Mais il s'agit là de l'éternel problème des symptômes d'une maladie qui apparaissent après l'administration d'un vaccin. Cela ne signifie pas nécessairement que le vaccin a causé la maladie".

Pourquoi ce vaccin est-il tant recommandé ? "Le virus dit du 'HPV' profite des relations sexuelles pour passer de l'homme à la femme. Plus de 80% des femmes le rencontrent, sans le savoir, ni rien ressentir. Si 90% des femmes ont des défenses immunitaires naturelles suffisamment fortes, celles qui n'ont pas cette chance sont confrontées à un risque du cancer du Col de l'utérus. Pendant 20 ans, ce virus s'attaque aux cellules du col, provoquant des liaisons bénignes, dépistables, mais qui non traitées peuvent évoluer en cancer. En résumé : sur 1.250 femmes, 1.000 vont rencontrer le virus, 100 ne vont pas réussir à l'éliminer, 10 auront des liaisons précancéreuses dépistables et une aura un cancer. Ca fait 3.000 femmes chaque année dans le pays".

Le vaccin permet-il, à lui seul, d'éviter ce scénario ? "Il peut être évité grâce au vaccin ET au dépistage. Ces lésions du col de l'utérus sont faciles à détecter grâce à un test bien connu : le frottis cervico-vaginal. Pratiqué systématiquement tous les trois ans entre 20 et 65 ans il permet de détecter la majorité des cancers potentiels. Mais, malheureusement, pas totalement. Le frottis et la vaccination restent essentiels mais l'un ne remplace pas l'autre. Avec une vaccination avant le premier rapport sexuel, le scénario noir peut être évité. Le problème avec les vaccins, souvent accusé, c'est que les gens sauvés ne témoignent pas pour le défendre.