Faut-il récompenser les lycéens qui ne sont pas absents ?

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Une cagnotte en espèces sonnantes et trébuchantes ou des places de match de foot : l’idée avance mais fait polémique.

Une cagnotte collective pour financer un projet éducatif défini avec les élèves ou des billets pour les rencontres de football de l'Olympique de Marseille : quelle que soit la nature de la récompense, le principe est le même : plusieurs établissements, en banlieue parisienne et à Marseille, sont en train de mettre en place des projets pour féliciter les élèves les plus assidus. Et lutter ainsi contre l’absentéisme.

Une idée qui est loin de faire l’unanimité. Martin Hirsch, le Haut commissaire à la Jeunesse, qui a débloqué 32.000 euros pour financer une expérimentation dans l’académie de Créteil, avait insisté la semaine dernière sur le fait que la cagnotte serait collective. Il a insisté mardi : "nous ne payons pas les élèves, il n'y a rien d'immoral". Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale, a assuré pour sa part que le projet avait été "mal présenté" et qu'il s'agissait "un peu d'une bourse au mérite".

Mais plusieurs autres ministres se sont montrés très sceptiques. "Je ne peux pas dire que je sois très favorable à ce genre d’idée", a déclaré Eric Woerth, le ministre du Budget, lundi sur Europe 1. Le gouvernement instaure une "société casino", a insisté le chef de file des députés PS Jean-Marc Ayrault, mardi sur Europe 1. François Bayrou, pour le MoDem, a parlé de "dérive inacceptable". Il ne faut pas "payer les élèves" mais "donner des moyens" à l'Education nationale, a commenté le porte-parole du NPA Olivier Besancenot.

Les parents d’élèves ont aussi exprimé de grandes réticences. Pour Jean-Jacques Hazan, le président de la FCPE, c'est "un ersatz de solution". "On ne veut pas que l'argent soit le levier pour motiver les élèves. Ils vont peut-être venir à l'école, mais vont-ils travailler ?", s’est interrogé le président de la Peep, Philippe Vrand.

Qu'en est-il vraiment de l'absentéisme en France ? En moyenne, le phénomène concerne 5% des élèves, selon une étude du ministère diffusée mardi. La proportion monte cependant au-delà des 30% dans certains lycées professionnels.