Fadettes : les PV qui accablent Courroye

Le procureur Courroye est mis en cause par les procès-verbaux de l'IGS
Le procureur Courroye est mis en cause par les procès-verbaux de l'IGS © MAXPPP
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avec Pierre Rancé , modifié à
- L'adjointe du procureur aurait demandé le contenu des SMS des journalistes du Monde.

Nouvel épisode dans l’affaire des "fadettes". L’examen de huit procès-verbaux rédigés par des policiers de l’Inspection générale des services (IGS) révèle que l’adjointe du procureur Courroye a bien demandé d’obtenir le contenu des SMS des téléphones des journalistes du Monde, en violation de toutes les règles. Une démarche qu’elle dément aujourd’hui.

Tous les détails des six semaines d’enquête de la police des polices sont couchés noir sur blanc dans les huit procès-verbaux auxquels Europe 1 a eu accès. Des éléments qui laissent penser que les policiers se doutaient que le parquet de Nanterre les embarquait dans une galère.

Les procès-verbaux de l’IGS relatent le travail d’identification des téléphones professionnels et privés avec les appels reçus et envoyés, le nombre de SMS échangés et l’exigence du procureur d’être informé en temps réel. On y apprend que l’enquête de l’IGS s’est terminée quand les policiers ont indiqué au procureur Courroye qu’il était techniquement impossible de savoir ce que les SMS contenaient.

Courroye savait que c'était illégal

"Oui" a répondu Daniel Jacquème quand la juge d'instruction Sylvia Zimmermann lui a demandé s'il maintient que Marie-Christine Daubigney, l'adjointe de Philippe Courroye, l'a bien chargé de chercher le contenu des SMS échangés entre le journaliste Jacques Follorou et la juge Isabelle Prévost-Desprez.

Pourtant, le procureur de la République de Nanterre savait que cette entreprise était illégale, selon les déclarations de Daniel Jacquème. "Le 28 septembre 2010, à 11 heures, M. Courroye (...) a contacté le directeur de l'IGS Claude Bard pour savoir si, par réquisitions, il était possible d'obtenir le contenu des SMS. M. Bard entrait en réunion, il lui a demandé de prendre attache avec moi et lui a précisé que, selon lui, ce n'était pas possible car il fallait une commission rogatoire technique", a-t-il ainsi déclaré, selon les PV dont Le Monde dévoile des extraits dans son édition du jour.

Le 30 septembre 2010, à 15h50, "Madame Daubigney m'a posé la même question et je lui ai répondu la même chose", a-t-il poursuivi, affirmant que la procureure adjointe le rappelle peu après.

Requêtes en annulation déposées par Courroye

Ces nouvelles révélations interviennent au lendemain du dépôt par le procureur de deux requêtes en annulation. Mis en examen pour avoir fait examiner en 2010 des factures de téléphones de journalistes, les "fadettes", cette figure de la magistrature, proche du président Sarkozy, nie toutes responsabilités.

Il a expliqué jeudi dans un entretien au Parisien avoir voulu "vérifier si une personne soumise au secret de l’enquête était à l’origine de ces fuites". Il cherchait à l’époque à savoir qui avait informé les reporters Jacques Follorou et Gérard Davet d'une perquisition opérée chez Liliane Bettencourt et portait de gros soupçons sur la juge Isabelle Prévost-Desprez avec qui il entretient des relations exécrables.