"Fadettes du Monde" : Squarcini se pose en exécutant

Bernard Squarcini passait devant la justice mardi pour l'affaire des fadettes du Monde.
Bernard Squarcini passait devant la justice mardi pour l'affaire des fadettes du Monde. © MAXPPP
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Damien Brunon avec AFP , modifié à
Devant le tribunal, l’ancien dirigeant du renseignement intérieur a dit avoir agit de manière proportionné et sur ordre de ses supérieurs.

L'ancien patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, a assuré mardi devant le tribunal correctionnel de Paris n'avoir été qu'un exécutant dans l'affaire des "fadettes" du Monde et avoir agi dans le respect de la loi. Ce spécialiste du renseignement comparaissait pour avoir demandé la réquisition des factures détaillées ("fadettes") du journaliste du Monde Gérard Davet, et d'un ancien conseiller technique de la Chancellerie, David Sénat, soupçonné d'être sa source.

L’affaire Bettencourt. Ces demandes visaient à identifier les sources du journaliste, auteur d'un article qui citait des extraits du procès-verbal d'audition de Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de l'héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal, Liliane Bettencourt. L'audition, qui datait de la veille seulement de la publication de l'article, le 17 juillet 2010, mettait en lumière la proximité entre de Maistre et Eric Woerth, alors ministre du Travail.

Squarcini dans son droit ? A l'audience, l'ancien patron du renseignement intérieur s'est positionné en exécutant, qui avait reçu un ordre de son supérieur, le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard. Ce dernier, qui n'était pas visé par les faits et pas cité comme témoin, aura été le grand absent de ce procès. Très combatif, Bernard Squarcini a également assuré avoir agi "de manière très proportionnelle et très limitée", en s'appuyant sur l'article 20 de la loi du 10 juillet 1991, qui autorise le contrôle des communications "aux seules fins de défense des intérêts nationaux".

"On est dans un ministère régalien (celui de la Justice), on n'est pas au ministère de la Culture", a justifié l’ancien patron de la DCRI, qui dit avoir voulu mettre un terme à un fonctionnement "un peu anormal" des institutions.

Le Monde veut un jugement fort. A l'audience, Gérard Davet a dénoncé des "méthodes typiquement barbouzardes", les renseignements agissant en secret, sans que la justice ne soit saisie des faits. Pour lui, les ordres sont venus directement de l'Elysée. Pour l'avocat du Monde, François Saint-Pierre, la communication d'éléments d'une audition en violation du secret de l'instruction ne relevait pas d'une atteinte aux intérêts de la Nation mais d'un délit pénal, quand bien même la fuite aurait eu pour origine le plus haut niveau de l'Etat. Il a réclamé un jugement "qui ouvrira une jurisprudence si forte qu'elle garantira de manière effective le secret des sources des journalistes".

Pas de prison ferme requise. Le parquet a requis mardi une amende de 5.000 euros à l'encontre de l'ancien patron du renseignement, Bernard Squarcini, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir réquisitionné illégalement les factures détaillées d'un journaliste du Monde.

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