Etre en bonne santé ou sauver la planète ?

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avec agences , modifié à
Selon une étude, manger beaucoup de légumes et de fruits pourrait augmenter notre bilan carbone.

Une étude de l'Inra pourrait bien semer la zizanie entre les partisans des "5 fruits et légumes par jour" et les écologistes qui s'inquiètent du changement climatique. En effet, manger beaucoup de fruits, de légumes et assez peu de viande rouge est bon pour la santé mais semble n'avoir aucun impact favorable sur l'environnement. Pire, ce régime alimentaire pourrait même contribuer à alourdir notre bilan carbone. Car manger sain, c'est souvent manger plus.

Tout part d'une "réflexion stratégique" sur les possibilités d'une alimentation durable, de la sortie du champ à l'assiette du consommateur, que viennent de publier des chercheurs de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) et du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

Leurs principales conclusions vont à l'encontre de certaines idées communément admises. Jusqu'à maintenant, on estimait que pour réduire l'impact carbone de son alimentation, il suffisait de réduire la consommation de viande rouge en provenance de ruminants, puisque, rappellent les chercheurs, "ce sont les aliments dont la production entraîne le plus d'émissions de gaz à effet de serre par calorie". L'élevage compte pour 80% des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole.

En outre, une alimentation riche en fruits et légumes et comportant des produits animaux en quantité modérée est meilleure pour la santé.

Mauvais bilan carbone pour les hommes

Les chercheurs ont d'abord analysé la consommation habituelle de nourriture des Français pour estimer l'impact carbone de chaque régime alimentaire. Ils se sont servis pour cela de l'étude sur les consommations alimentaires Inca2 menée de 2005 à 2007.

Sans grande surprise, les hommes ont un impact carbone supérieur à celui des femmes (4,7kg équivalent CO2/j pour les hommes contre 3,7 pour les femmes). La raison ? Principalement parce qu'ils mangent plus. Ils consomment aussi davantage de viandes rouges ou de charcuteries, dont l'impact carbone est dix fois plus élevé que celui des fruits et légumes.

Mais en comparant ensuite le bilan carbone d'un régime alimentaire sain et celui d'une alimentation à base de viande, les chercheurs ont remarqué que la qualité de la nourriture que l'on mange n'avait pas un rapport si étroit avec notre impact environnemental.

Chez les hommes, l'impact carbone est le même quelle que soit la qualité de la nourriture. Quant aux femmes, "celles qui mangent le mieux ont l'alimentation qui entraîne le plus d'impact carbone", a souligné Nicole Darmon, chercheuse à l'Inra et membre de l'équipe ayant réalisé cette étude.

Moins de viande mais plus de produits

Comment cela est-il possible ? En fait, pour compenser l'absence relative de viande, on mange des aliments peu nocifs en matière de bilan carbone - yaourts, fruits et légumes, féculents - mais en grande quantité. "Manger bien, c'est manger beaucoup d'aliments avec peu de densité énergétique", note ainsi la chercheuse.

"La vision selon laquelle les produits végétaux sont bons pour la santé et l'environnement alors que les produits animaux seraient à la fois mauvais pour l'environnement et la santé apparaît simpliste et nécessite d'être reconsidérée", concluent les chercheurs.