En Corse, l'ombre du "Petit Bar"

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PORTRAIT - Plusieurs de ses membres sont désormais soupçonnés du meurtre de Me Sollacaro.

Trois suspects. Les enquêteurs de la JIRS de Marseille ont annoncé jeudi avoir arrêté les trois principaux suspects de l'assassinat de l'avocat corse Antoine Sollacaro. Trois hommes soupçonnés d'appartenir à la "bande du Petit Bar", un gang de malfrats qui règne sur Ajaccio et la Corse du Sud.

Familles respectables. L'équipe de la "bande du Petit Bar". Au début des années 2000, ils sont une petite dizaine à se réunir dans un café du cour Napoléon, dans le centre d'Ajaccio : le Petit Bar. Ils sont pour la plupart issus de familles respectables, fils de commerçants, ou même de policiers. Âgés d'une vingtaine d'années à l'époque, ils commencent par le trafic de drogue.

Des méthodes dignes de "Scarface". Mais la bande voit grand et lorgne vite sur les commerces de leur ville. Sous la houlette d'un parrain déjà en place, Jean-Jé Colonna, qui règne alors sur la Corse du Sud, la bande fait ses classes. Le nom du la bande du Petit Bar apparaît dès 2003 dans des rapports de la PJ corse. Selon les enquêteurs, plusieurs assassinats et des extorsions de fonds portent la marque du groupe. Avec des méthodes dignes de "Scarface", selon un policier interrogé par Le Point en 2006, la bande parvient à étendre son territoire.

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"Ils sont sans foi ni loi". Après la mort de Jean-Jé Colonna en 2006, l'équipe prend son envol. A la fin de la même année, les RG estiment dans une note que "la bande du Petit Bar tenterait de prendre le contrôle de l'activité criminelle à Ajaccio", souligne Le Monde. "Ils sont sans foi ni loi", disait dès 2006 un policier dans les colonnes du Point.

Dans les années qui suivent, plusieurs assassinats et des tentatives - notamment sur Alain Orsoni - sur l'île sont attribués à la bande du Petit Bar. Mais l'équipe essuie aussi quelques pertes dans ses rangs, comme Ange Marie Michelosi, son mentor, abattu dans un guet-apens en juillet 2008.

Déjà condamnés. Les trois suspects du meurtre d'Antoine Sollacaro, eux, ont déjà tous fait de la prison. Deux d'entre eux pour une affaire de trafic de drogue entre le Maroc et le sud de la France - ils ont été libérés l'été dernier et se trouvaient en Corse au moment de l'assassinat - et le troisième pour un projet d'assassinat contre Alain Orsoni, déjoué en 2008. Ce dernier, en liberté conditionnelle depuis cet été, était interdit de séjour en Corse. Assigné à résidence à Paris, il portait un bracelet électronique. L'efficacité de l’appareil est en cours de vérification, selon Le Figaro.

Sollacaro, trop proche d'Orsoni pour la bande ? D'après les enquêteurs en charge de l'affaire Sollacaro, la mort de l'avocat s'inscrit dans le cadre d'affrontements entre clans criminels rivaux. "Être au coeur de toutes ces affaires était la source de crispations majeures", confiait un magistrat marseillais au sujet du célèbre pénaliste insulaire quelques jours après son assassinat.  Me Sollacaro avait défendu Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998 et était aussi l'avocat d'Alain Orsoni, ex-dirigeant nationaliste corse devenu président du club de football de l'AC Ajaccio en 2008. Or ce dernier est considéré par la bande du Petit Bar d'être derrière l'assassinat de Francis Castola et Ange Marie Michelosi, "l'héritier" de Jean-Jé Colonna.