Du sursis pour le policier de Villiers-le-Bel

Franck Viallet, qui conduisait le véhicule de police le soir du drame, était accusé de n'avoir pas respecté la limite de vitesse autorisée lors de la collision.
Franck Viallet, qui conduisait le véhicule de police le soir du drame, était accusé de n'avoir pas respecté la limite de vitesse autorisée lors de la collision. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Le policier qui conduisait le véhicule impliqué dans l'accident qui a coûté la vie à deux ados en 2007 a été condamné à six mois de prison avec sursis.

L'INFO. Le jugement est tombé. Le tribunal de Pontoise a condamné vendredi à 6 mois de prison avec sursis le policier impliqué dans l'accident de Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise, dans lequel deux adolescents avaient été tués en 2007, déclenchant deux jours d'émeutes. Lors de l'audience le 7 juin, le procureur avait demandé implicitement la relaxe pour le fonctionnaire, insistant sur la "prise de risque" et le "comportement routier aberrant" des deux adolescents, mais n'avait pas réclamé de peine.

Non respect des limitations de vitesse. Franck Viallet, qui conduisait le véhicule de police le soir du drame, était accusé de n'avoir pas respecté la limite de vitesse autorisée lors de la collision. Il a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel, devant lequel il était poursuivi pour homicides involontaires et encourait une peine théorique de cinq ans de prison et de 75.000 euros d'amende.

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L'accident avait provoqué une flambée de violences. La mort de Mushim et Lakamy, le 25 novembre 2007, avait provoqué de violentes échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre à Villiers-le-Bel, commune populaire de 27.000 habitants située au nord de Paris. Une centaine de policiers avaient été blessés durant cette flambée de violences, qui avait fait craindre une répétition des émeutes de 2005, parties de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avant d'embraser la France.

En phase d'accélération. Selon un rapport d'expertise, le véhicule de police était en phase d'accélération au moment de l'accident, et roulait à près de 64 km/h - au lieu des 50 km/h autorisés - sans gyrophare ni avertisseur. Mais les deux adolescents circulaient sur une moto qui n'était pas destinée à la route, dépourvue de freins et d'éclairage, à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Ils ne portaient par ailleurs pas de casque et n'avaient pas respecté une priorité à droite.

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La relaxe avait été implicitement requise. "Je ne peux pas requérir en conscience la condamnation de M. Viallet", avait expliqué lors de l'audience le procureur, Henri Génin, imputant la responsabilité de l'accident au comportement "ahurissant" des deux adolescents. "Quand on sait que seule la vitesse de la moto est à l'origine des blessures mortelles, peut-on reprocher une faute d'imprudence à M. Viallet?", avait-il ajouté.

Les "fautes" du fonctionnaire. Une analyse à revers de celle développée par les avocats des parties civiles, qui avaient insisté sur les "fautes" commises par le fonctionnaire. "Il ne s'agit pas de briser la carrière d'un homme, il s'agit de rendre la justice", avait souligné Me Jean-Pierre Mignard, appelant le tribunal à "prendre en considération" la douleur des familles.