Drame de Clichy : le procès aura bien lieu

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avec Marie Peyraube et Guillaume Biet , modifié à
- Deux policiers vont être jugés après la mort de Zyed et Bouna, en 2005.

Il y a presque cinq ans jour pour jour, Zyed et Bouna mouraient électrocutés après une course-poursuite avec des policiers à Clichy-sous-Bois. Selon les informations recueillies par Europe 1, deux policiers vont finalement être jugés dans cette affaire, d'ici quelques mois.

Ce sont les deux juges d’instruction en charge de ce dossier qui ont décidé de renvoyer les fonctionnaires devant un tribunal correctionnel, pour non-assistance à personne en danger. Les deux policiers, mis en examen en février 2007, sont suspectés de ne pas avoir porté secours aux adolescents qui s'étaient introduits dans un transformateur.

Un non-lieu avait été requis

Début septembre, le parquet de Bobigny avait requis au contraire un non-lieu dans ce dossier très sensible. La mort de Zyed et Bouna,15 et 17 ans, a en effet été l'élément déclencheur de plusieurs semaines de violence en France dans les banlieues.

Pour le parquet, les policiers ne savaient pas que les jeunes s'étaient introduits dans le transformateur. Dans des messages radio, un policier dit pourtant : "Je pense qu'ils sont en train de s'introduire sur le site EDF", puis, "en même temps, s'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau".

"Une victoire du droit"

La perspective d'un non-lieu avait déclenché la colère des familles des deux victimes. Leur avocat, Me Mignard, avait dénoncé sur Europe 1 un "délit d'indifférence". Les familles de Zyed et Bouna saluent aujourd'hui une "victoire du droit".

"Je pense que [les policiers] sont sacrifiés sur l’autel de l’opinion publique. L’affaire ayant été instrumentalisée et médiatisée, il fallait continuer sur cette voie. (...) Pour autant, je persiste à dire que les éléments constitutifs de l’infraction ne sont pas réunis", a réagi de son côté Me Merchat, l'avocat des agents, sur Europe 1. La "police des polices" a dénoncé dans un rapport de 2009 leur "légèreté" mais sans demander leur suspension.

Les syndicats de police ont eux dénoncé des "pressions". Nicolas Comte, secrétaire général d'Unité police SGP-FO, a estimé que l'"on cherche un bouc-émissaire face à une situation sociale très compliquée".