Dieter Krombach acculé à son procès

Le procès du Docteur Krombach a dessiné le portrait d'un homme à deux visages.
Le procès du Docteur Krombach a dessiné le portrait d'un homme à deux visages.
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Frédéric Frangeul avec Fabienne Le Moal AFP , modifié à
Les témoignages accablants se succèdent contre le médecin, jugé pour la mort de sa belle-fille.

Un homme à deux visages. Le procès de Dieter Krombach, jugé à Paris pour le meurtre de sa belle-fille de 14 ans dessine, jour après jour, le portrait ambivalent d'un séducteur également accusé par plusieurs témoins d'être un agresseur sexuel.

Danielle Gonnin, la mère de Kalinka Bamberski trouvée morte au réveil le 10 juillet 1982, a vécu un peu moins d'une dizaine d'années aux côtés de Dieter Krombach, son second mari. Côté pile, elle dépeint un homme "très charmant, gai, cultivé, généreux, sachant parler aux femmes". Côté face, elle brosse le tableau d’un homme  à l’appétit de vivre -"comme s'il allait mourir demain"- totalement "épuisant", d’une infidélité incorrigible et d’une propension à "se mettre en danger".

Il trompe sa femme avec sa voisine mineure

"Bel aspect", "séducteur", "épicurien", reprennent en choeur des connaissances, anciens collaborateurs ou patients de cet homme aujourd'hui âgé de 76 ans. Si Danielle Gonnin quitte Dieter Krombach quelques temps après la mort de Kalinka, c'est sous le coup d'un nouveau choc : elle a découvert qu'il la trompe avec une jeune voisine mineure.

Cette jeune femme finit également par quitter Dieter Krombach, jalouse de la proximité qu'il paraît entretenir avec deux soeurs de 15 et 16 ans, a-t-elle raconté aux enquêteurs. Proximité ? La relation que décrit à la barre la plus jeune des soeurs Mauer, Jana, 41 ans aujourd'hui, tient davantage du harcèlement. Des sanglots dans la voix, son journal intime d'adolescente sur le pupitre, elle a raconté comment Dieter Krombach a pris "l'ascendant" dans sa famille brisée par le divorce des parents.

Des petits pains et des roses rouges

C'est d'abord un Krombach au visage de père qui conquiert sa place auprès des deux soeurs à coup "de petits pains" sur le chemin de l'école, de balades à cheval, de restaurants. Ensuite, a raconté Jana, sont venues les "trente roses rouges" pour son anniversaire, les tentatives de "l'embrasser", de la "toucher". Pour Jana, "il était comme Dr. Jekyll et Mr. Hyde". Au cours de deux voyages à l'étranger, a affirmé sa soeur Svenja dans un récit très détaillé à la cour, Dieter Krombach lui fait subir des attouchements et un viol.

Elément important pour l'accusation: les deux soeurs affirment que Dieter Krombach leur administrait des injections à base de fer pour compenser de supposées carences et qu'à la suite d'une piqûre, à Londres, elles avaient perdu connaissance. La veille de sa mort, Kalinka Bamberski avait pour sa part reçu une piqûre de fer. Des traces de somnifères ont été retrouvées dans son corps lors d'une expertise en 2010.

Dieter Krombach nie la moindre agression

Vendredi, une ancienne patiente de Dieter Krombach a affirmé devant la cour d'assises qu'il l'avait violée dans son cabinet en 1994 après lui avoir fait une injection. De son côté, Dieter Krombach, vieillard diminué, concède aujourd'hui "quelques infidélités" mais nie la moindre agression. La mère de Kalinka en est sûre : "Il n'y a jamais rien eu d'ambigu entre Dieter Krombach et (sa) fille. Rien, pas un geste". Le verdict est attendu le 21 octobre.