Des médecins frileux face à Servier

Des généralistes ne fournissent pas les pièces demandées par leurs patients pour porter plainte contre Servier
Des généralistes ne fournissent pas les pièces demandées par leurs patients pour porter plainte contre Servier © maxppp
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avec Emilie Denêtre
Les victimes du Médiator sont freinées par leur médecin pour porter plainte contre Servier.

Les patients qui ont pris du Médiator sont confrontés à de sérieuses difficultés pour porter plainte contre le laboratoire Servier. Après le choc de la découverte de leur maladie, ils se retrouvent souvent désemparés face aux démarches administratives d'autant que les médecins ne font pas toujours ce qu'il faut pour les aider.

"Droit dans le mur" face à Servier

Marie-Laure est un cas emblématique de ces patients confrontés aux réticences de leurs médecins. Invalide à 80%, elle a une fuite aortique et mitrale, maladie incurable et potentiellement mortelle. Cette mère de famille souhaiterait que la justice reconnaisse que c'est bien le Mediator qui est la cause de ses problèmes médicaux. Mais Marie-Laure a jeté toutes ses ordonnances et seul son médecin de famille, qui lui a prescrit toutes les pilules pendant trois ans, pourrait l'aider en lui fournissant des attestations.

Ce dernier lui a opposé un refus clair et net. "Il m'a dit que j'allais droit dans le mur face au laboratoire Servier ", explique Marie-Laure au micro d'Europe 1. Et cette femme est loin d'être un cas isolé. Son avocate, Me Ravaz, gère une vingtaine de dossiers similaires : des généralistes qui ne fournissent pas les pièces demandées par leurs patients ou des cardiologues qui découragent les malades.

"Ils font l'autruche"

"Ils font un peu l'autruche, ils se cachent la tête dans le sable. Qu'ils fassent un effort et qu'ils nous aident. Ce n'est pas évident d'avancer dans ces conditions, quand en face vous avez les laboratoires Servier", témoigne l'avocate.

Du coup, certains s'interrogent. Ces médecins sont-ils sponsorisés par Servier ou protègent-ils le laboratoire ? Des accusations balayées par Maxime Guenoun, président du Collège National des Cardiologues Français (CNCF). "Croyez vous que les cardiologues gagnent leur vie grâce au sponsoring avec les cardiologues ? Non, je ne crois pas que cela existe, il ne faut pas exagérer", souligne-t-il.

Pourtant, après plusieurs plaintes de malades, le ministère de la Santé a été obligé de réagir. Un courrier a été adressé aux médecins rappelant leur devoir de communiquer à leurs patients toutes les informations dont ils avaient besoin.