Dans la rue contre la "xénophobie"

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avec AFP , modifié à
Entre 77.300 et 100.000 manifestants ont défilé samedi dans plus de 130 villes de France.

"Halte au racisme, liberté, égalité, fraternité en danger" : plusieurs milliers de manifestants ont défilé samedi en France et en Europe contre la politique sécuritaire du gouvernement jugée "xénophobe" notamment à l'égard des Roms, à l'appel d'associations, syndicats et partis de gauche. Principale critique adressée au gouvernement : les mesures d’expulsions de Roms. Depuis fin juillet, environ 1.000 Roms roumains et Bulgares ont été reconduits à la frontière et une centaine de campements illicites démantelés.

Les organisateurs des manifestations revendiquent 100.000 personnes présentes au défilé. Un chiffre démenti par le ministre de l'Intérieur, qui fait état de 77.3000 personnes sur l'ensemble de la France. Brice Hortefeux explique vouloir poursuivre son action.

La gauche très mobilisée

La manifestation la plus importante s'est déroulée à Paris, où entre 12.000 et 50.000 personnes ont défilé. Le cortège a été lancé en chanson par des artistes, parmi lesquels les chanteuses Jane Birkin, Jeanne Cherhal et la cinéaste Agnès Jaoui, venus interpréter Les Petits Papiers, célèbre chanson de Serge Gainsbourg, sous les fenêtres du ministre de l'Immigration Eric Besson.

"On fait des boucs émissaires, sans-papiers ou Roms, qui peuvent être expulsées contrairement à moi, qui suis également étrangère", s'est indignée Jane Birkin. Une délégation, composée de Régine, Birkin, l'écrivain Dan Franck et l'ancien résistant Stéphane Hessel, a ensuite été reçue par le cabinet du ministre. "C'était une discussion de sourds", a rapporté à l'AFP Richard Moyon (RESF).

Ces manifestants ont alors rejoint le cortège parisien, ouvert symboliquement, par les familles Roms de Choisy-le-Roi et dont le campement a été rasé le 12 août. Une large panel d'associations - LDH, Emmaüs, Dal, Attac, le Mrap -, de syndicats - la CGT, la CFDT, FSU - et de partis politiques de gauche marchaient au coude à coude sur des airs de musique tsiganes. Marie-George Buffet (PCF), Corinne Lepage, ex-ministre de l'Environnement, Jean-Luc Mélenchon (parti de Gauche), Cécile Dufflot (les Verts), Danielle Mitterrand, Bernard Thibault (CGT), Jean-Paul Huchon (président socialiste de la région Ile-de-France), Olivier Besancenot (NPA) ont ainsi affiché leur unité.

En tout, 130 cortèges étaient prévus dans toute la France. Bordeaux a ouvert le bal samedi matin avec 3.500 manifestants selon les organisateurs et 1.200 selon la police. Aux côtés de syndicalistes marchaient des gens du voyage, dont certains venus de Mont-de-Marsan, dans les Landes. Si Marie Bové, conseillère régionale Europe écologie (EE) était de ce cortège, son père José Bové, député européen était de celui de Montpellier, qui a réuni entre 500 et 1.000 personnes.

A Toulouse, entre 1.000 et 3.000 manifestants défilaient derrière des slogans tels que "Auvergnat, Maghrébins, nous somme citoyens". 10.000 personnes selon les organisateurs et 2.500 selon la préfecture, ont manifesté à Marseille entre le Vieux-Port et la préfecture, et entre 5.000 personnes selon les organisateurs et 2.000 selon la police ont défilé à Grenoble.

D'autres cortèges ont été recensés à Perpignan (entre 400 et 800 personnes), Rodez (200), Auch (300 à 400 personnes), agen (350) et Mantes-la Jolie (100).

En Europe aussi

Des rassemblements ont également eu lieu devant des ambassades françaises de plusieurs pays de l'Union européenne. A Londres, une vingtaine de personnes ont brandi des pancartes à l'effigie de Nicolas Sarkozy barrées du commentaire : "Derrière le sourire, la culpabilité". A Bruxelles, une centaine de personnes dont des Roms portaient des banderoles disant "Sarkozy : Voulez-vous acheter un Rom ? 300 euros l'adulte, 100 euros l'enfant", en référence aux montants de "l'aide au retour". Et en Espagne, à Madrid et Barcelone, de petits comités ont lu une lettre qui sera envoyée à l'ambassadeur de France pour demander le respect des droits de l'Homme.