Comment sont transportés les diamants ?

Un diamantaire et une ex-joaillère racontent à Europe1.fr les dessous du transport de diamants.
Un diamantaire et une ex-joaillère racontent à Europe1.fr les dessous du transport de diamants. © REUTERS
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TEMOIGNAGE - Un diamantaire et une ex-joaillère racontent les dessous du transport de diamants.

L'actu.Le braquage d'un fourgon de la Brink's sur le tarmac de l'aéroport de Bruxelles, alors que les convoyeurs venaient de placer une centaine de colis remplis de diamants dans les soutes d'un avion en partance pour la Suisse, a mis le transport de diamants sous les feux des projecteurs. Ce butin de 37 millions d'euros était pourtant sous la responsabilité de professionnels, habitués à gérer ce genre de risques. Mais deux connaisseurs du milieu, un diamantaire parisien et une ancienne employée d'un joaillier de la place Vendôme, racontent à Europe1.fr que toutes les pierres précieuses ne sont pas transportées avec autant de précaution.

Fedex et le Thalys. Il y a bien sûr les grosses commandes, transportées par des entreprises spécialisées, comme celle de Bruxelles. Mais il y a aussi celles qui arrivent par des moyens plus discrets, plus inattendus aussi, confie le diamantaire parisien. "On achète des diamants à Anvers mais aussi dans le monde entier. Environ 80% sont expédiés par des transporteurs spécialisés. Pour des montants inférieurs à 200.000 euros, on passe même par Fedex [une compagnie américaine spécialisée dans le transport de marchandise, ndlr]. Les 20% restants, nous allons les chercher nous-mêmes", détaille-t-il. Lilou, 33 ans, qui a travaillé chez un joaillier de la place Vendôme à Paris, est ainsi allée chercher elle-même des diamants à Anvers, sans protection particulière : "ce sont des transports exceptionnels. Généralement, c'est pour une demande spéciale et imprévue, à la dernière minute", explique la jeune femme.

Des transporteurs de l'ombre. "Un coup de Thalys et on est à Anvers en deux heures, porte à porte, depuis Paris", raconte le diamantaire. Un trajet tellement simple et rapide que n'importe quel employé peut se transformer en transporteur de l'ombre. "Normalement, les patrons envoient plutôt des hommes. Mais certaines procédures ne sont pas trop respectées", note de son côté Lilou. "On nous demande de nous habiller le plus banalement possible pour éviter d'attirer l'attention. On met l'argent, à l'aller, et les diamants, au retour, dans une poche intérieure. Et en arrivant, on prend le taxi, pas question de se déplacer en métro", détaille la jeune femme. "Mais de toute façon, les passagers ne sont pas censés savoir ce qu'on transporte sur nous. Ça n'est pas écrit sur notre front", poursuit-elle.

Ne pas se prendre "pour Rambo". Et si les choses tournent mal, pas question de prendre le moindre risque. "La consigne, c'est de tout donner tout de suite", assure le diamantaire parisien. "On fait exprès de ne prendre aucune précaution particulière. Celui qui se prend pour Rambo, il est mort", lâche-t-il. "De toute façon, quelle que soit la manière de transporter les diamants, on est exposés", conclut ce spécialiste, qui assure néanmoins que "la probabilité qu'un fourgon blindé soit détourné est proche de zéro". Proche de zéro, mais pas nul pour les braqueurs de Bruxelles.