"Colonna ne cherche pas à être un héros"

Yvan Colonna a été condamné deux fois à la perpétuité en 2007 et 2009
Yvan Colonna a été condamné deux fois à la perpétuité en 2007 et 2009 © MAXPPP
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avec Marie Peyraube , modifié à
REPORTAGE - Alors que s'est ouvert le 3ème procès d’Yvan Colonna, son village natal le soutient.

Accroché aux collines, face au golfe de Sagone, Cargèse, le village natal d’Yvan Colonna, a tout de la carte postale. Au détour des rues, des signes de soutien discret au berger comme des autocollants "Justice pour Yvan" sur le pare-brise de quelques voitures.

C’est là que vivent les parents, le fils et la sœur d’Yvan Colonna, soudés. Une vie qui depuis 8 ans s’égrène au rythme des parloirs et des rendez-vous judiciaires.

"C’est comme une maladie en fait, c'est-à-dire qu’on vit avec ça 24 heures sur 24", raconte Christine Colonna, la sœur du berger corse. "Un soleil qui brille ça fait penser à lui qui ne le voit pas, croiser son fils… Sa culpabilité a été entièrement construite ", poursuit-elle. "En fait, ils n’ont jamais cherché la vérité. Je crois qu’ils ont refusé des actes importants, notamment la reconstitution. Avec une cour d’assise normale avec un jury populaire, il aurait déjà été acquitté en 2007", conclut Christine.

"En fait, ils n’ont jamais cherché la vérité" :

Et puis, à Cargèse, on murmure qu’Yvan Colonna aurait évolué. C’est un homme plus ouvert, plus humain, dit de lui un de ses avocats Me Garbarini.

"Yvan Colonna a changé. Il s’est marié ", explique Me Pascal Garbarini. "Il ne cherche absolument pas à être un héros, un mythe. Il n’est surtout pas capable d’avoir commis l’acte qu’on lui reproche, c'est-à-dire d’avoir tiré sur un préfet".

Une nouvelle épreuve pour la famille Erignac

Mais si dans le village, Yvan Colonna reste l’innocent injustement condamné, pour la famille Erignac rien n’a changé.

"Madame Erignac, elle se prépare à cette épreuve qu’elle souhaite vraiment être la dernière. Elle a l’impression finalement que la victime c’est le berger corse", rappelle Me Philippe Lemaire, l'avocat de la veuve du préfet Erignac, Dominique Erignac. "Et bien la victime dans le procès, c’est Madame Erignac, ses deux enfants. Il ne s’agit pas de se tromper de victime. On annonce beaucoup le fait qu’Yvan Colonna a choisi une autre méthode de comportement", poursuit l’avocat de Dominique Erignac.

"On dit beaucoup compte-tenu du fait de son mariage, qu’il veut sortir, donc peut-être aura-t-il au moins le courage mais peut-être simplement l’intelligence de reconnaître une partie de ce qu’il a fait. Je pense que c’est difficile pour lui à l’heure actuelle. Ça prouve qu’il aura trompé beaucoup de gens".

"Il ne s'agit pas de se tromper de victime" :

Le troisième procès d'Yvan Colonna s'est ouvert lundi matin devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Condamné deux fois à la perpétuité en 2007 et 2009 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, c'est un vice de procédure qui a amené la cour de cassation à annuler cette condamnation en 2010.