Carcassonne : le soldat tireur condamné

Le militaire qui avait blessé par erreur 16 civils en 2008 lors d'une démonstration dans une caserne de Carcassonne (Aude) a été condamné lundi à deux ans de prison avec sursis.
Le militaire qui avait blessé par erreur 16 civils en 2008 lors d'une démonstration dans une caserne de Carcassonne (Aude) a été condamné lundi à deux ans de prison avec sursis.
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et Benjamin Peter , modifié à
Il a été condamné à deux ans avec sursis pour avoir blessé seize civils dans une caserne en 2008.

Près de cinq ans après la fusillade de Carcassonne, le jugement du tribunal correctionnel de Montpellier est tombé. Le militaire qui avait blessé par erreur 16 civils en 2008 lors d'une démonstration dans une caserne de Carcassonne a été condamné lundi à deux ans de prison avec sursis. Le sergent Nicolas Vizioz était jugé avec cinq autres militaires ou ex-militaires pour "blessures involontaires".

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Seize civils blessés. Pour rappel, les faits s'étaient déroulés le 29 juin 2008, lors de la journée porte ouverte du 3e régiment de parachutistes d'infanterie de Marine (RPIMa), à Carcassonne. Le sergent Nicolas Vizioz, 33 ans, avait ouvert le feu lors d'une démonstration de libération d'otages. Ce sergent très expérimenté ne s'est absolument pas rendu compte qu'il tirait un mélange de balles à blanc et de balles réelles de guerre. Dans la foule, 16 civils, dont cinq enfants, avaient été blessés par ces tirs. Ce fait divers avait lancé un vif débat sur la sécurité lors des manifestations de l'armée. Et  le chef d'état-major de l'armée de terre avait été contraint de démissionner.

Des peines moins lourdes que les réquisitions. Pour ces faits, le parquet avait requis six mois ferme et 18 mois avec sursis requis à l'encontre de l'ex-sergent Nicolas Vizioz. Mais le tribunal correctionnel de Montpellier a été plus clément en condamnant l'ancien militaire à deux ans de prison avec sursis.

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Clémence aussi pour les autres prévenus. Christophe Allard et Hugues Bonningues, anciens supérieurs directs du tireur, ont pour leur part été condamnés à des peines de six mois de prison avec sursis. Trois autres prévenus ont été relaxés, dont l'ancien chef de corps du 3e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa), Frédéric Merveilleux du Vignaux, et son ex-adjoint Lionel Peyre. Le parquet avait requis un an de prison avec sursis pour les deux premiers, et entre deux mois et six mois avec sursis pour les trois autres.

"Vizioz ne peut qu'être satisfait". Les avocats de Nicolas Vizioz sont donc satisfaits de ces peines avec sursis et ont jugé la sanction proportionnée à la faute commise par leur client, qui a admis sa responsabilité à l'audience. "Je suis content que le tribunal ait enlevé les six mois ferme que réclamait le procureur de la République, qui étaient totalement humiliants et vexatoires", a réagi Me Jean-Robert Nguyen Phung. "Compte-tenu des dégâts qui ont été faits et de la faute (...), Vizioz ne peut qu'être satisfait, ou du moins soulagé par la décision qui a été rendue."

Des victimes espèrent un appel du parquet. De son côté, Me Hervé Gerbi, avocat de parties civiles, a déclaré espérer que le parquet fasse appel de la décision. "La justice pénale n'a pas été au rendez-vous de l'exemplarité", a regretté l'avocat de la famille Rosala, présente dans le public le jour de la fusillade. "Les victimes n'attendaient pas forcément de la prison ferme compte tenu de la nature du dossier. L'attente était sur la responsabilité et la condamnation du lieutenant-colonel Peyre et du colonel Merveilleux du Vignaux."

"Tant mieux qu'il n'y ait que du sursis". Les familles des victimes estiment en effet que les peines sont à la hauteur de la gravité des faits concernant Nicolas Vizioz. C'est notamment ce que confie la mère de Gabriel, l'un des jeunes blessés lors des portes ouvertes. "Tant mieux qu'il n'y ait que du sursis, parce que ça ne va pas changer notre état de santé à nous. En ce qui concerne le tireur, il se punit suffisamment lui-même. On a tous besoin de se reconstruire, eux comme nous et le fait qu'il ne tombe que du sursis, je trouve que c'est bien", estime-t-elle au micro d'Europe 1.

"Je suis ami avec lui". La mère de famille confie même que son fils est devenu proche de Nicolas Vizioz. Gabriel a souhaité lui parler d'homme à homme. Après coup, quand il est reparti, il m'a dit : 'je ne savais pas si je pouvais être ami avec lui et en fait si, je suis ami avec lui.' Il a son numéro de téléphone, il a la possibilité de l'appeler s'il a besoin d'en discuter, c'était important pour Gabriel. Maintenant je ne dis pas qu'on efface tout et qu'on tourne la page parce que ce n'est pas possible mais je pense que petit à petit on va arriver à avancer pas à pas", témoigne-t-elle.