Brétigny : comment le train a déraillé

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Alexis Toulon avec Pascal Berthelot
ECLAIRAGE - Un rail cassé, des boulons qui cèdent, une éclisse qui tourne, le rapport présenté par les enquêteurs détaille les raisons d’un drame.

Le bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a rendu vendredi son rapport sur le déraillement d’un train en gare de Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne, le 12 juillet 2013. L’origine du drame, qui a coûté la vie à sept personnes, serait un défaut de maintenance. Europe 1 revient sur les causes de l’accident.

Un rail cassé. L’information nouvelle est que, selon les experts, des fissures sur l’extrémité du rail auraient provoqué la chute d’un petit bout de ce dernier. Les rapporteurs n’ont toutefois pas réussi à trouver l’origine de ces fissures. Mais, il ressort de l’enquête que ce bout manquant n’était pas visible à l’œil nu, car caché une éclisse fixée au rail par quatre boulon. Or, les contrôles de maintenance étaient jusque là simplement visuels.

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Les boulons ont cédé. Avec un bout manquant, la pression exercée normalement sur le rail, lors du passage des trains, a été en partie reportée sur les boulons. Les experts ont numéroté les boulons de 1 à 4, dans le sens du passage du train. Selon le rapport, le boulon 1 a perdu son écrou et s’est dévissé. Les trois autres ont cédé car leur tête a cassé. Le rapport précise que le boulon numéro trois est le premier à avoir cédé, "certainement quelques semaines avant l’accident". La défaillance des trois autres boulons aurait eu lieu dans un délai court, probablement après le 3 juillet selon le rapport. Mais une partie du boulon numéro 4 est restée dans son logement, empêchant l’éclisse de tomber purement et simplement.

L’éclisse a tourné. Le passage du train a fait se lever l’éclisse autour du boulon numéro 4. L’avant de l’éclisse est remonté et a heurté l’un des disques de frein du train, ce qui l’a en partie pliée. Le passage des premiers wagons a provoqué un effet pivot de l’éclisse autour du boulon restant. Les wagons suivant ont poursuivi le mouvement, jusqu’à ce que l’éclisse tordue face tremplin. Lors du passage des dernières voitures, les roues sont sorties des rails et le train a déraillé. L’accident tirerait son origine d’un manque d’attention porté au système de boulonnage des rails et des éclisses.

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Un problème de culture du boulon. Un train ne déraille pas à cause d’un boulon avaient coutume de dire les agents de la SNCF. Si bien qu’ils se contentaient d’une simple inspection visuelle du système de boulonnage. Une erreur d’appréciation qui a coûté cher, même si le rapport pointe que seul le défaut concernant le boulon numéro 3 était détectable lors de l’inspection effectuée par le cheminot de la SNCF le 4 juillet. Toutefois, dans son rapport concernant cette section, de nombreux détails sur l’état des rails ou des traverses sont notés, mais il n’y a pas un mot sur les boulons.

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La SNCF responsable ? Guillaume Pépy avait immédiatement reconnu la responsabilité de la SNCF dans l’accident. Le rapport du BEA-TT confirme cette piste. En effet, si RFF est propriétaire des rails, leur entretien est de la responsabilité de la SNCF. C’est donc bien le transporteur et ses méthodes d’inspection et de maintenance qui sont à blâmer dans l’accident de Brétigny. D’autres enquêtes devraient permettre de mieux comprendre dans le détail les défauts sur les éléments incriminés et de connaître précisément les responsabilités pénales de chacun.

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