Bilan mitigé pour la grève des routiers

Les routiers étaient appelés à la grève à partir de dimanche minuit.
Les routiers étaient appelés à la grève à partir de dimanche minuit. © Maxppp
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avec Frédéric Nicolas et AFP , modifié à
Ils protestaient lundi contre un accord qui repousse l'âge d'entrée dans le congé de fin d'activité.

Depuis dimanche minuit, quelque 630.000 routiers étaient appelés à faire grève par les fédérations de transports FO et CGT pour protester contre un accord qui repousse de 55 à 57 ans l'âge d'entrée dans le congé de fin d'activité (CFA). Mais l'appel à la grève n'a rencontré qu'un écho modéré, malgré quelques opérations escargots et le blocage de plusieurs centres de sociétés de transport de fond et d'un dépôt de carburant.

"L'objectif n'était pas de bloquer la France"

Une petite partie seulement des 630.000 salariés de la branche s'est mobilisée lundi. A Vern-sur-Seiche, près de Rennes, un dépôt pétrolier a été bloqué par des routiers dès 6 heures du matin. "A partir du moment où on n’est pas délogé, on reste sur les lieux afin d’éviter que les citernes ne sortent du dépôt", avait prévenu en début de journée au micro d'Europe 1 Christophe Provost, délégué CGT transports. Et "si ça continue comme ça", le leader syndical n’exclut pas des actions pour paralyser les stations essences.

Dans la zone industrielle de Vannes, une dizaine de chauffeurs ont établi un barrage filtrant avec distribution de tracts, ralentissant ainsi la circulation, selon la police. Plusieurs centres de transports de fonds ont aussi été touchés notamment à Marseille, Toulouse et Bordeaux. Près de Lille, à Lesquin, une cinquantaine de routiers ont perturbé les accès à un centre regroupant des entreprises de transport et des plate-formes logistiques. Enfin des opérations escargots ont été menées à Saint-Malo, Dunkerque, Lille et Toulouse, selon Patrice Clos (FO).

La plupart des salariés relevant de la convention collective du transport routier se sont donc résignés à voir appliquer le 1er juillet les nouvelles modalités du dispositif CFA, renégocié dans le sillage de la loi de novembre 2010 sur les retraites. Mais pour Patrick Vancraeynest de la CGT-Transports, "la journée est une réussite dans le sens où elle a permis de parler des routiers, l'objectif n'était pas de bloquer la France". Le responsable évoque de nouvelles actions ciblées prochainement.

"Une non-négociation"

"Cette action est la suite logique à une non-négociation", avait expliqué dans un communiqué les deux syndicats, qui disent "non à la régression sociale". Ils considèrent la convention collective des salariés du transport comme étant "la plus pourrie de toutes" les conventions. La réforme des retraites, qui a induit le passage de l'âge légal de 60 à 62 ans, a contraint la profession à renégocier les conditions du CFA, ce régime particulier de cessation anticipée d'activité dont bénéficient les routiers en raison de la pénibilité de leur travail.

Fin mai, quatre syndicats (CFDT, CFTC, CGC et FNCR) ont signé un accord avec les fédérations patronales du secteur routier, qui permet aux conducteurs ayant atteint l'âge de 57 ans et justifiant de 25 ans de conduite de partir et d'être pris en charge jusqu'à leur retraite à taux plein à 60 ans. Les syndicats CGT et FO, qui représentent ensemble près de 40% des syndiqués de la profession selon eux, se sont opposés à la signature de cet accord, estimant que le glissement de 55 à 57 ans devait s'effectuer par paliers.